Platon, Machiavel et la nature humaine
Nous vivons aujourd`hui dans un système politique
démocratique où la division des pouvoirs entre l`exécutif, le législatif et le
judiciaire est supposé garantir une structuration des droits de l`homme, ce qui
revient à dire que cette séparation de pouvoirs devrait instaurer la garantie
des libertés et de la souveraineté de la population contre l`absolutisme et empêcher
le fait qu`un petit nombre ait le contrôle des pouvoirs et en abuse au profit
du peuple. Ce dogme de la pensée politique actuelle vient de la période de la
Révolution Française et Américaine, où de multiples changements au niveau de la
politique et de la pensée politique eurent lieu. Même si cette théorie est
aujourd`hui remise en question car il est de plus en plus difficile de faire la
réelle distinction entre la séparation des pouvoirs qui n`est plus réellement
respecté, il faut comprendre que le politique est une science qui est en
constante évolution depuis plusieurs milliers d`années et que ce sont de grands
penseurs qui ont marqué l`Histoire avec leurs écrits et leurs ouvrages qu`ils
ont pu laisser en héritage et qui ont modifié les multiples systèmes politiques
des dernière décennies. C`est le cas entre autre de Platon et de Machiavel qui
ont contribués grandement à leur époque et qui ont modifiés à jamais les façons
de gouverner et de penser politique. Ce travail analysera principalement les points
de vues de ses deux auteurs sur des sujets comme les qualités requises pour
être un dirigeant politique, tout en analysant leur réflexion sur la nature
humaine et du monde naturel et social. Le tout sera précédé d`une courte
biographie des deux auteurs ainsi que l`époque dans laquelle ils ont vécu.
Platon, biographie et époque
Platon (428 à 348 avant Jésus-Christ) est un philosophe grec qui a eu comme mentor Socrate et qui s`en inspira grandement,
même si sa pensée diffère de celle de son maître Il a combattu ardemment les
sophistes et la démocratie qui avait lieu à Athènes dans ses années où la
démocratie était encore bien jeune. Platon avait un idéal pour la Cité, et pour
rejoindre ce principe, elle devait être construite sur des bases du Bien en soi.
C`est la condamnation à mort de Socrate qui ébranla
les convictions de Platon et qui le poussa à avoir une réflexion philosophique
et politique sur la nature du système politique qu`Athènes avait avec ses
institutions politiques instables. En effet, Platon se questionna sur le
comment et le pourquoi de la condamnation à mort du plus sage et
du plus juste de tous les hommes de son époque et comment parvenir à ne plus
commettre ce genre d`erreur impardonnable. Il se donna comme objectif suite à
cette grave erreur, de rechercher et d`élaborer une ou plusieurs
théories qui ferait en sorte qu`Athènes soit une cité juste avec un système
politique plus évolué. Les principales œuvres de Platon sont La
République, Le Politique et sa théorie des idées.
Machiavel, biographie et époque
Nicolas Machiavel (1469-1527) est un penseur Italien
et ses œuvres ont littéralement influencées les sociétés politiques de son
temps, principalement celle de Florence qui était la sienne, et
cette influence est encore présente aujourd`hui avec des termes comme
« machiavélique » qui signifie un homme cynique dépourvu d’idéal, de tout sens moral et d’honnêteté. Son
époque était marquée par de grands conflits comme la corruption omniprésente
dans le milieu politique et la tyrannie que le peuple pouvait subir.
Lorsqu`il rédigea Le Prince, Machiavel posa un regard
froid et descriptif de la pratique du pouvoir, il analysa la vérité
effective . De plus, Machiavel n`avait pas comme objectif
de concevoir un État idéal comme Platon, son but se rapprochait plus d`analyser
les systèmes politiques et les pratiques actuelles pour en conclure les plus
efficace pour qu`un « prince » puisse garder son pouvoir. Machiavel
avait aussi comme objectif de rendre Florence comme une force politique car
cette ville représentait déjà une force économique et artistique de
son époque. Pour Machiavel, la politique se caractérise par le mouvement, par
le conflit et des ruptures violentes.
Platon
Lorsque Platon rédige La République et
lorsqu`il philosophe, c`est qu`il est à la recherche d`une façon d` élaborer
une cité réellement juste. Tout comme Socrate son maître, il ne croit pas à la
démocratie directe car les orateurs usent de sophistes pour convaincre les
opinions de la population et Platon est convaincu que l`art de persuader ne
devrait pas être dans le processus d`élaboration des lois dans une cité, ce qui
revient à dire que la politique se doit d`être séparé des opinions du hasard.
Lorsqu`il écrit son œuvre, il a pour objectif de présenter une constitution
politique qui sera basée sur la raison avec deux principes généraux : le
principe de justice et la construction de l`État sur le savoir et non sur les
opinions. Tous les travaux de Platon ont comme objectif l`élaboration de la
meilleure cité possible dans le but avoué que les hommes qui vivent dedans
aient une vie heureuse et la recherche du bien commun.
Le philosophe ne croit donc pas en la démocratie
directe et il croit fermement que ce sont les hommes éduqués, particulièrement
les philosophes, qui doivent gouverner le peuple car Platon base sa réforme sur
le professionnalisme et la discipline des dirigeants. En effet, si Platon croit
que ce sont les compétences qui doivent gouverner, c`est parce qu`il conçoit la
politique comme un idéal d`éducation et de formation du genre humain. Selon lui
les philosophes doivent gouverner la population « ignorante » car
ils sont les seuls à connaître le « bien ». Le but principal du
politique ne serait donc pas de type d`administration ou de gestion économique,
mais plus de construire un homme meilleur et la politique serait donc une
recherche de la finalité idéale. Alors pour Platon, « L’idée que certains,
par nature, sont voués au commandement, paraît alors compréhensible :
gouvernent ceux qui sont capables d’accéder aux valeurs. Pour ceux-là, le pouvoir
est conçu comme un devoir, une tâche, un service, et non pas comme la
satisfaction d’intérêts quelconques » [1]. Platon clarifie le genre
d`éducation que les dirigeants, ou le peuple, se doit de recevoir de façon
rigoureuse pour être en mesure d`aider les autres et de faire évoluer la cité
par son savoir. Il conseille les disciplines suivantes : géométrie,
mathématique, philosophie, musique, poésie et gymnastique entre autre.
Pour ce qui est de la nature humaine, Platon parle
du fait que les hommes qui sont seuls ressentent le besoin de se réunir pour
subvenir à leurs besoins naturels pour s`aider à survivre. Pour
Platon, les besoins humains qui sont essentiels sont aussi des besoins
sociaux. Les humains vivent alors en entraide mutuelle et les besoins
primitifs sont donc comblés. Toujours selon le philosophe, cette cité est
viable jusqu`à temps que ce sont les besoins nécessaires et superflus qui
deviendront la priorité des hommes qui forment la cité. La continuité de cette
cité nécessite que les besoins des uns ne briment pas les besoins des autres,
et ce même si l`agrandissement de la cité créé de nouveaux besoins et
engendrent des rivalités. Les dirigeants se doivent donc d`opter
pour le modèle de l`harmonie, qui signifie absence de conflits, pour que la
cité soit comme une âme, avec ses trois parties qui sont la cité (les
producteurs), l`âme et la vertu. La justice serait donc « une organisation
harmonieuse et vertueuse des trois classes. Le but est d`éviter la corruption
pour que le besoin d`une cité juste pour un citoyen juste » (note de
cours) soit respecté et comblé. La justice est donc en fait la spécialisation
des tâches, de sorte que tous contribuent au maintien et à l`évolution de la
cité, et ce en respectant la hiérarchie de la société. Mais pour que cette
hiérarchie soit respecté, il faut que « Les gouvernants sont soumis à un
principe qui les dépasse : le Bien. Sans ce principe, l’organisation politique
platonicienne est une monarchie absolue appuyée sur une caste militaire et reposant
sur une idéologie de la nature qui assigne à chacun sa tâche. […] Si une telle
mesure extrahumaine n’existe pas, ou que personne ne peut y accéder, alors,
toutes les décisions des gouvernants sont relatives, tout est contingent et
tout est contestable. Aucune société politique ne peut alors se maintenir. Le
politique trouve donc son principe dans une métapolitique qui est la
philosophie » [1]
Machiavel
Nicolas Machiavel écrit son œuvre Le Prince pour
regagner les grâces des Medecis et pour s`auto promouvoir. Il analyse
froidement la politique et la façon dont doit être exercé le pouvoir pour le
maintenir. Il ne recherche pas comme Platon la conception d`un État idéal, mais
il analyse plutôt les pratiques politiques pour en soutirer les meilleures et
laisser de côté les plus faibles et ce toujours dans le but de maintenir le
pouvoir du prince. Il croit dans un État fort centralisé avec comme objectif
d`unifier d`autre état pour en faire un État nation. Selon Machiavel,
« les hommes se réunissent dans la cité pour la sécurité en raison de leur
Nature pour les intérêts » (note de cours). La célèbre
expression « la fin justifie les moyens » provient de Machiavel et
c`est sa finalité de la politique. Pour lui, la seule et unique vertu qu`un
prince se doit d`avoir en politique est la puissance pour maintenir la sécurité
de son peuple dans la cité.
Le but premier de Machiavel est d`instruire le
prince de Florence pour qu`il résiste à la politique qui se
caractérise par le mouvement, le conflit et des ruptures violentes. L’art de bien gérer la cité mais aussi celui d'apprendre
à se maintenir au pouvoir dans une situation ouverte à toutes les situations
possibles est aussi un des objectifs que Machiavel veut démontrer avec son
œuvre.
Dans Le
Prince, Machiavel donne plusieurs indices sur les qualités qu`un dirigeant
se doit d`avoir pour maintenir son pouvoir et il apparait clairement que
Machiavel ne recherche pas la cité idéale, mais belle et bien la sécurité dans
la cité. Par exemple, Machiavel débute son exposé de façon très claire en
indiquant que la méchanceté est un art que le dirigeant doit maîtriser selon
les nécessités s`il veut conserver son titre. Toujours selon Nicolas
Machiavel, « un prince ne doit-il se soucier aucunement d`être traité de
cruel si l`unité et la fidélité de ses sujets sont en jeu » (Le Prince,
p.86).
Pour ce qui est de
la nature humaine, Machiavel ne croit aucunement que l`humain est un être bien
alors il affirme que le prince n`a donc pas à agir dans le bien
constamment : « Si les hommes étaient tous des gens de bien, mon
précepte serait condamnable ; mais comme ce sont tous de tristes sires et
qu`ils n`observeraient pas leurs propres promesses, tu n`as pas non plus à
observer les tiennes » (Le Prince, p.92). Machiavel ajoute dans le même
passage que l`humain à deux natures ; humaine et bestiale. Il continue en
affirmant que l`homme n`est pas par nature bon car il est guidé par des
passions d`ambition et de nouveauté.
Machiavel était
plus objectif dans sa manière d`analyser les événements politiques. Il a
d`ailleurs été un des premiers à plaider pour une séparation de l`Église et de
l`État dans les pouvoirs. Selon Machiavel, « il
peut être utile de se servir de la religion pour gouverner, mais l'État n'a pas
à rendre des compte à l'Église » [2]. Il affirme que le pouvoir ne vient
pas de Dieu ni d`une convention entre humain, mais plutôt de la force avec la
guerre. Cependant plusieurs analyses montrent que Machiavel défendait une thèse
où l`armée serait composée de citoyens (milices) et non de mercenaires et cela
aurait comme conséquence que la force de la guerre serait pour le bien du
peuple.
En conclusion, il est évident que les deux grands
penseurs que sont Platon et Machiavel ont une conception complètement
différente du rôle que doivent avoir les dirigeants politiques envers leur
peuple et leur cité. En effet, Platon a comme idéal une société juste ou que le
bien du peuple serait recherché et que les dirigeants travaillent pour le bien
commun. Pour Machiavel, il est réaliste dans son analyse et ne recherche en
rien le bien du peuple mais plutôt pour l`édification d`une cité forte et unie
par la force du prince. Son analyse froide se veut plus être un
guide pour aider le prince à maintenir et garder son pouvoir sur son peuple. Il
faut cependant avouer que les deux ne croient aucunement en la démocratie
directe et qu`il privilégie le pouvoir à des groupes distincts ; pour Platon il
insiste sur le fait que les dirigeants doivent être éduqué et formé pour
gouverner en bien la cité, tandis que Machiavel opte pour le pouvoir à la main
d`un souverain fort par son pouvoir militaire et économique. Aussi, les deux
penseurs ont un point commun fort en la recherche de l`harmonie comme finalité
dans la cité, ce qui signifie l`absence de conflit. Il faut cependant
comprendre que les moyens proposés par Platon et Machiavel pour atteindre cette
harmonie sont complètement à l`opposés
Bibliographie
-[1] La théorie platonicienne du politique dans La
République, site web :http://www.philocours.com/cours/cours-platonpolitique.html,
page consultée le 4 décembre 2011
-[2] LONGEART, Maryvonne. Nicolas Machiavel, site
web : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=9454,
page consultée le 4 décembre 2011
-MACHIAVEL, Nicolas. Le Prince,
p.78-135
-TANGUAY, Alain. Note de cours, Introduction
à la pensée politique, Automne 2011
Bonjour,
RépondreSupprimerLe participe passé devant l'auxiliaire ne s'accorde pas devant le sujet. Ainsi, on dit " ses oeuvres ont influencé" et non pas "ses oeuvres ont influencées"
devant l'auxiliaire avoir
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