vendredi 19 juillet 2013

Le libéralisme économique dans nos société économique


La génération actuelle des jeunes de moins de 25 ans vit depuis son enfance dans un système capitaliste qui prône le libéralisme économique et les libertés individuelles. Cette génération vivant en Occident n`a pas connu la bipolarité politique lorsque le monde était divisé en deux blocs ; d`un côté le communisme représenté par l`U.R.S.S et de l`autre le capitaliste des États-Unis. Il est donc normal pour ses jeunes gens de croire que le libéralisme économique s`est imposé et que le débat d`idée va s`amoindrir. Il faut cependant comprendre que le l`idéologie du libre-marché est loin d`être   parfaite et que le débat  devrait continuer pour que l`évolution de notre société continue et ne stagne pas. C`est dans cette optique que seront analysé deux textes ; premièrement La démocratie au-delà du libéralisme qui aborde le thème de la place du libéralisme dans nos démocraties actuelles et deuxièmement, La condition moderne selon Marcel Gauchet qui utilise comme méthode une démarche d`analyse historique et conceptuelle pour tenter de comprendre les transformations du monde moderne. Chaque texte sera résumé, pour ensuite élaborer une comparaison des similitudes et des différences des deux textes dans le but de constater ou non si les auteurs ont un point de vue semblable sur le libéralisme économique et sa place dans nos sociétés occidentales.


La condition moderne selon Marcel Gauchet
Comme mentionné dans l`introduction, Gauchet utilise une démarche d`analyse historique et conceptuelle des œuvres historiques et il pratique la macroanalyse pour couvrir la période des débuts de la modernité à aujourd`hui. 

Il débute en indiquant que la démocratie ne fera pas son apparition sans rencontrer de défis. Il avoue que le but premier des hommes de l`époque des débuts de l`ère moderne n`était pas nécessairement le libéralisme, mais ils étaient plutôt en : «  faveur d`un autoritarisme dirigiste ou d`un collectivisme égalitaire » (Lessard, 2010, p.188).  Mais pour pouvoir espérer sortir la religion des institutions politiques, Gaudet écrit que : « le régime qui sera le plus intimement lié à la modernité sera celui de la démocratie libérale, un régime mixte » (Lessard, 2010, p.188). Selon l`auteur, les hommes de l`époque choisiront de bâtir un régime qui aura pour conséquence les structures de notre monde moderne,  avec trois dimensions : le politique, le droit et l`histoire.

La première action sera d`adopté la forme de l`État-Nation, étape du politique pour se libérer du religieux au profit d`une institution souveraine. L`auteur aborde cependant le sujet en précisant que la rupture n`est pas brutale et que les deux mondes devront coexister pendant au moins deux siècles.  Côté politique, ce nouvel État devra « assurer  de maintenir la cohésion d`ensemble de la communauté »  ( Lessard, 2010, p.189). 

La deuxième étape pour rendre le processus légitime viendra du droit et c`est sur les droits individuels que se basera cette approche. En effet, le mouvement de l`époque est grandiose et plusieurs auteurs, dont Locke et Rousseau, contribueront aux droits des libertés individuelles.  Selon Gauchet, : « l`identification d`un pouvoir et d`une communauté demeurera la règle à l`âge moderne. Cette identification contribuera à maintenir la figure tout à fait centrale de l`Un. Ainsi, à l`Un religieux succédera l`Un moderne » (Lessard, 2010, p.190).

La dernière étape pour sortir la religion sera l`histoire. Une nouvelle compréhension des faits historiques permettra à l`homme de pouvoir prendre conscience qu`il est son propre architecte de son destin et qu`il n`est plus soumis à la volonté divine. Selon l`auteur ces trois étapes font parties d`un processus et aurait pu être modifié.

Gauchet continue en expliquant que la société, via son principe historique, comprend qu`elle doit gagner son indépendance face au droit et au politique et ceci peut être perçu comme un signe de la sortie de l`âge de l`Un. Le politique ne disparait pas , il prend plus la place de médiateur entre la société et le pouvoir chargé de représenter cette société pour ainsi être au service de l`immanence sociale : « la nation assure une certaine cohésion à une société qui ne cesse de se percevoir comme autonome et l`État garantit la stabilité à la sphère politique marquée par les changements successifs de gouvernants » (Lessard, 2010, p.191).  Viendra alors les modèles sur qui s`appuieront la société libérale : la société, la science et le progrès.
Dans la deuxième partie de son  texte, l`auteur aborde la crise du libéralisme. En effet, le développement du grand capital et l`organisation du monde ouvrier offre une situation de société d`organisation, un opposant certes à la forme politique libérale. L`auteur ajoute que : « la distinction de la société civile et de l`État restait subordonnée  au souci de l`unité collective et donc du lien étroit à maintenir entre l`État et la société civile. Dorénavant […] la société civile agiront en fonction de leurs intérêts, librement » (Lessard, 2010, p.192). 

Une certaine opposition surgit entre gouvernés et gouvernants. Selon Gauchet, la création des partis politiques dans les années 1900 aura créé un effet médiateur entre la société civile et la politique. Le peuple voulait à l`époque la création d`un gouvernement qui représenterait les intérêts du peuple, et non seulement ceux du régime capitaliste et les entreprises. 

Il y aura alors résurgence politique et plusieurs crises affecteront les régimes démocratiques. L`État-nation reviendra avec un sentiment d`appartenance et en intervenant dans plusieurs secteurs de la société.  « C`est la concession que le libéralisme doit faire s`il veut survivre : il sera au service et à l`écoute de la société et de ses revendications » (Lessard, 2010, p.193). L`État maintient désormais  l`unité collective. L`auteur termine en parlant des nombreuses crises identitaires suite aux crises économiques et guerres mondiales et des nombreuses idéologies qui n`auront pas survécues longtemps.


La démocratie au-delà du libéralisme
Les principales hypothèses que développent les auteurs Breaugh et Dupuis-Déri sont que le libéralisme, « au lieu d`être la condition nécessaire et suffisante de la démocratie, était en réalité une entrave  à la réalisation des promesses démocratiques. […] Et […] la logique des droits individuels était un obstacle à  l`émancipation de l`humanité  »  (Holeindre, 2009, p.775).  Les auteurs veulent démontrer que le libéralisme n`est pas la solution et qu`il en existe d`autres pour le bien de la démocratie. 

Ils abordent d`abord la définition de l `État libéral qu`ils qualifient comme étant : «  d`abord un instrument créé de toutes pièces  par les hommes pour organiser le gouvernement de la société par elle-même. Les citoyens désignent, par l`élection, des représentants qui sont censés exercer le pouvoir au nom de la société et de l`intérêt général » (Holeindre, 2009, p.775). Cependant, l`État faillit à sa tâche et devient un instrument de domination de la société.

Un autre problème du libéralisme est lié avec le fait que les partis politiques sont divisés  entre leur rôle de représentants du peuple et avec les lignes de partis, ce qui a comme conséquence que les partis politiques s`éloignent  de leurs bases sociales et instaure un système bureaucratique qui nuit à la démocratie. « Autrement dit, l`État et les partis politiques confisquent la démocratie à la société alors qu`ils sont supposés en être l`émanation » (Holeindre, 2009, p.775).  Les auteurs continuent leur critique en expliquant que le libre marché favorise les réalisations des libertés individuelles, mais que la différence et la compétition entre le secteur public et privé nui à la réalisation de l`idéal commun. Ils vont plus loin un écrivant que l`État s`occupe entièrement de sa gestion et que la société ne détient plus de pouvoirs, mise à part lorsqu`il y a des élections!

Breaugh et Dupuis-Déri discute alors de la possibilité de créer d`autres modèles pour la démocratie, comme une « conception participative de la citoyenneté » (Holeindre, 2009, p.776).  Ils abordent aussi la possibilité d`utiliser un système qui prônerait une démocratie par le bas, il y aurait alors moins de bureaucratie. Il affirme que «  le réalisme est du côté de l`autogestion, qui fonde la délibération sur l`expression réelles des conflits » (Holeindre. 2009, p.776). 

De plus, le libéralisme et la démocratie sont plus antonymes que synonymes selon les auteurs. Selon eux, le libéralisme prônes les inégalités économiques et sociales en se basant sur les libertés individuelles, tandis que la démocratie aspire à l`égalité de tous et « est nécessaire à l`humanité, mais les tensions générées par l`économie capitaliste empêchent la réalisation de ce but moral » (Holeindre, 2009, p.776). L`auteur Francis Dupuis-Déri propose même  une idée qui pourrait être qualifié d`extrémiste : «  le libéralisme est un système autoritaire, car l`égalité par le droit qu`il proclame masque une inégalité de fait sur le plan économique » (Holeindre, 2009, p.776).

Les auteurs terminent en expliquant que le conflit est nécessaire à la démocratie  car c`est cela qui le différencie des régimes totalitaires qui prétendent détenir la vérité : «  la démocratie ne peut se réduire au fonctionnement des institutions et des gouvernements, car c`est avant tout une expérience sociale qui engage le peuple tout entier » (Holeindre, 2009, p.777).


Comparaisons et questions
Tout d`abord il faut constater que les deux textes abordent les mêmes thèmes, la place du libéralisme dans notre société occidentale moderne, mais il faut aussi voir que leur approche est complètement différente. Gauchet utilise une démarche d`analyse historique et conceptuelle tandis que Breagh et Dupuis-Déri font plus une démonstration critique. De plus, Gauchet y va d`une macroanalyse, tandis que les deux auteurs y vont d`une microanalyse.

Les deux textes abordent des mêmes concepts et définissent de façon assez similaire l`États, les partis politiques, la démocratie et la modernité. 

Il y a aussi similitudes lorsque les thèmes du modèle de « l`Un » sont abordés des deux côtés, dans le sens ou l`État se doit d`intervenir pour assurer le maintien de l`appartenance. Il s`est débarrassé de l`Un religieux pour aller vers l`Un moderne.

La société civile est aussi représentée par les auteurs mais de façon différente. Du côté de Gauchet, du a son analyse historique, tente de présenter les étapes que le secteur privé a su s`imposer dans ce libéralisme économique. Du côté des deux auteurs, ils en font plus une critique car l`État leur donne des avantages et des pouvoirs au profit de la société.

Selon les deux auteurs, les institutions doivent détenir le pouvoir dans le but d`améliorer les égalités entre tous les citoyens. L`État se doit d`intervenir pour répondre aux besoins des plus pauvres, comme des plus riches pour qu`il n`y ait pas d`inégalité. Le libéralisme économique est cependant un obstacle à la démocratie pour Breagh et Dupuis-Déri, tandis que la doctrine économique est bonne mais dois être entre les mains d`un État-nation fort qui intervient.


En conclusion, bien que les deux textes font une critique du libéralisme économique dans nos sociétés, les auteurs utilisent une méthode complètement différente et Breagh et Dupuis-Déri sont plus virulents dans leurs propos et souhaitent même la disparation du libéralisme à long termes, sans toutefois avancer l`idée d`une autre idéologie. Il constate que les inégalités économiques qu`engendrent le libéralisme économique sont incompatibles avec la démocratie libérale. De son côté, Gauchet indique que le libéralisme et la démocratie ont suivis un processus qui aurait pu être différend. Il prône l`État-nation pour tenter d`amoindrir les inégalités sociales et économiques, mais il constate aussi que les États occidentaux commencent à avoir une dette importante et que la société doit faire des choix au détriment du secteur privé. Un débalancement va se produire dans les prochaines années en faveur du secteur privé que prône le libéralisme et une solution doit être trouvée selon lui. Les auteurs de ses textes ont soulevés un grave problème, sans toutefois apporter de solutions concrètes. Il serait intéressant de continuer cette étude en cherchait d`autres alternatives.


Bibliographie

Jean-François Lessard (2010). La condition moderne selon Marcel Gauchet. Canadian Journal of Political Science, 43, pp 187-196


Jean-Vincent Holeindre (2010). La démocratie au-delà du libéralisme. Perspectives critiques, Martin Breaugh et Francis Dupuis-Déri (dir.), Athéna éditions, Montréal, 2009, 196 pages. Canadian Journal of Political Science, 43, pp 775-777

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