mardi 9 juillet 2013

L’utilité (ou non) de mesurer la pauvreté à partir du revenu

Le concept de pauvreté en est un qu’il importe de définir car il est vaste et difficilement mesurable. Aussi, pour répondre à ce questionnement, il est intéressant d’en dresser un portrait historique et ainsi observer l’évolution de la définition du concept de pauvreté par différents acteurs occidentaux, qui y voient un problème. Et comme nous l’avons appris dans le cours SOC2693, un problème est une construction sociale, spécifique à une époque et un territoire précis,  qui est directement lié à un groupe social et celui-ci détermine ce qui est un problème et ce qui ne l’est pas (1). Il faut comprendre qu’un problème pour les occidentaux peut ne pas être un problème pour les africains, donc un problème n’en est pas un en soi.

Pour ce qui est du concept de la pauvreté, nous le définirons selon ce que nous avons appris dans le cours SOC2693, comme étant un problème d’accès insuffisant ou inadéquat  aux ressources, qu’elles soient économiques, alimentaires, sociales, vestimentaires ou habitables, ce qui entraine un phénomène de rareté et de compétition entre les individus pour ses ressources (2). On peut donc déjà affirmer que le revenu peut être une des composantes de la pauvreté, mais qu’il est peu utile de considérer le simple revenu pour déterminer la pauvreté d’un individu ou d’une société et qu’une multitude d’autres facteurs entrent en jeu. Malgré cela, la Banque Mondiale a établi deux mesures pour la pauvreté : extrême-pauvreté pour ceux qui gagnent moins de 1,25$ par jour et la pauvreté pour ceux qui gagnent moins de 2$ par jour (2). Toujours selon la Banque Mondiale, il y aurait 2,6 milliards de pauvres en 2005 et 1.4 milliards d’extrême-pauvres  selon leur méthode de calcul de la pauvreté, un chiffre énorme.

Historiquement, le concept de pauvreté a connu une évolution et nous en ferons un bref historique. Avant 1950, la pauvreté n’était pas un enjeu et il a fallu attendre dans les années 1950 pour qu’il y ait un début de conscientisation occidentale. À partir de 1960, la pauvreté devient un problème plus important pour certains acteurs qui y définissent ce concept et cela aura comme conséquence qu’il y aura un sentiment d’urgence pour lutter contre ce phénomène immédiatement en imposant un modèle économique (3). À partir de 1980-1990, la Banque Mondiale, le FMI et le gouvernement américain s’impliquent dans la lutte contre la pauvreté et impose l’idéologie néolibéralisme comme solution à la pauvreté avec des mesures comme la déréglementation des marchés, l’ouverture des marchés et la privatisation des entreprises nationales (3).

Dans les années 1990, un changement de mentalité s’est aussi opéré chez d’autres acteurs. Au lieu de mesurer la pauvreté simplement avec le revenu par habitant, les Nations Unies ont mis au point un Indice de Développement Humain (IDH) qui mesure le niveau de vie selon de nouveaux critères qui sont le niveau d’éducation, la qualité de vie et l’espérance de vie. Plus précisément, des composantes comme l’accès à l’eau potable, à des soins médicaux, à un logement et à une bonne hygiène sont mesurées. Selon eux, il faut mesurer une multitude d’éléments et non seulement la croissance économique comme unique facteur de développement (4). Selon ce que nous avons appris dans le cours SOC2693, la pauvreté n’est pas liée à des revenus faibles, mais plutôt au manque de liberté et d’opportunité qui sont offert à ses populations qui cherchent à se développer d’avantage. D’ailleurs, la Banque Mondiale a abandonné son idéologie que la croissance économique est nécessairement positive pour les pays dits pauvres.

Il est aussi pertinent d’apporter l’élément de l’économie informelle qui n’entre pas dans les mesures traditionnelles du PIB malgré qu’elle soit une part considérable de la croissance économique de plusieurs pays. L’économie informelle est une activité économique qui peut se pratiquer sous plusieurs formes comme des échanges (trocs) et des marchands ambulants. Ce type d’économie assure plusieurs fonctions, dont celles de répondre à certains besoins de base et d’assurer la survie économique de certains individus (3).


Finalement, pour revenir au questionnement de départ qui était de se demander s’il était utile de mesurer la pauvreté à partir du revenu, le constat qui ressort de cette courte présentation est que l’évolution historique du concept même de pauvreté a mené à considérer de nombreux autres aspects que le revenu tels l’Indice de développement humain et ses trois composantes qui sont le niveau d’éducation, la qualité de vie et l’espérance de vie. Il est évident que le concept même de pauvreté continuera d’évoluer dans les décennies à venir,  et que l’IDH donne un meilleur indice de la pauvreté dans le monde mais il ne s’agit tout de même que d’un outil pour mesurer des composantes spécifiques de la pauvreté et que cela ne règle pas le problème, même s’il faut faire attention avec l’utilisation du terme problème comme démontré plus haut. Même si l’utilité de mesurer la pauvreté selon le revenu est de moindre importance qu’antérieurement, nous pouvons tout de même utiliser cette donnée pour constater qu’environ 50% de la population mondiale vit avec un revenu de moins de 2$ par jour. Cette donnée est seulement un élément parmi tant d’autres, et non une de première importance.


Mikael St-Louis

Bibliographie

(1)   dELLA FAILLE, Dimitri.  Note de cours,  SOC2693 Problèmes socioéconomiques contemporains du Sud, Université du Québec en Outaouais, 17 janvier 2012.
(2)   dELLA FAILLE, Dimitri.  Note de cours,  SOC2693 Problèmes socioéconomiques contemporains du Sud, Université du Québec en Outaouais, 24 janvier 2012.
(3)   dELLA FAILLE, Dimitri.  Note de cours,  SOC2693 Problèmes socioéconomiques contemporains du Sud, Université du Québec en Outaouais, 31 janvier 2012.
(4)    United Nations Development Programme. Rapport sur le développement humain, 2011, consulté le 10 novembre 2012, Site web : http://hdr.undp.org/fr/statistiques/
(5)   dELLA FAILLE, Dimitri.  Note de cours,  SOC2693 Problèmes socioéconomiques contemporains du Sud, Université du Québec en Outaouais, 28 février 2012.
(6)   GUAY, Jean-Hermann. Plan Marshall, Perspective monde, Consultée le 10 novembre 2012, Site web :

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