mardi 16 juillet 2013

Platon, Machiavel et la nature humaine

Platon, Machiavel et la nature humaine
Nous vivons aujourd`hui dans un système politique démocratique où la division des pouvoirs entre l`exécutif, le législatif et le judiciaire est supposé garantir une structuration des droits de l`homme, ce qui revient à dire que cette séparation de pouvoirs devrait instaurer la garantie des libertés et de la souveraineté de la population contre l`absolutisme et empêcher le fait qu`un petit nombre ait le contrôle des pouvoirs et en abuse au profit du peuple. Ce dogme de la pensée politique actuelle vient de la période de la Révolution Française et Américaine, où de multiples changements au niveau de la politique et de la pensée politique eurent lieu. Même si cette théorie est aujourd`hui remise en question car il est de plus en plus difficile de faire la réelle distinction entre la séparation des pouvoirs qui n`est plus réellement respecté, il faut comprendre que le politique est une science qui est en constante évolution depuis plusieurs milliers d`années et que ce sont de grands penseurs qui ont marqué l`Histoire avec leurs écrits et leurs ouvrages qu`ils ont pu laisser en héritage et qui ont modifié les multiples systèmes politiques des dernière décennies. C`est le cas entre autre de Platon et de Machiavel qui ont contribués grandement à leur époque et qui ont modifiés à jamais les façons de gouverner et de penser politique. Ce travail analysera principalement les points de vues de ses deux auteurs sur des sujets comme les qualités requises pour être un dirigeant politique, tout en analysant leur réflexion sur la nature humaine et du monde naturel et social. Le tout sera précédé d`une courte biographie des deux auteurs ainsi que l`époque dans laquelle ils ont vécu.


Platon, biographie et époque
Platon (428 à 348 avant Jésus-Christ) est un philosophe grec qui a eu comme mentor Socrate et qui s`en inspira grandement, même si sa pensée diffère de celle de son maître  Il a combattu ardemment les sophistes et la démocratie qui avait lieu à Athènes dans ses années où la démocratie était encore bien jeune. Platon avait un idéal pour la Cité, et pour rejoindre ce principe, elle devait être construite sur des bases du Bien en soi.

C`est la condamnation à mort de Socrate qui ébranla les convictions de Platon et qui le poussa à avoir une réflexion philosophique et politique sur la nature du système politique qu`Athènes avait avec ses institutions politiques instables. En effet, Platon se questionna sur le comment et  le pourquoi de la condamnation à mort du plus sage  et du plus juste de tous les hommes de son époque et comment parvenir à ne plus commettre ce genre d`erreur impardonnable. Il se donna comme objectif suite à cette grave erreur, de rechercher et d`élaborer une  ou plusieurs théories qui ferait en sorte qu`Athènes soit une cité juste avec un système politique plus évolué. Les principales œuvres de Platon sont La République, Le Politique et sa théorie des idées.



Machiavel, biographie et époque
Nicolas Machiavel (1469-1527) est un penseur Italien et ses œuvres ont littéralement influencées les sociétés politiques de son temps, principalement celle de Florence qui était la sienne,  et cette influence est encore présente aujourd`hui avec des termes comme « machiavélique » qui signifie un homme cynique dépourvu d’idéal, de tout sens moral et d’honnêteté.  Son époque était marquée par de grands conflits comme la corruption omniprésente dans le milieu politique  et la tyrannie que le peuple pouvait subir. Lorsqu`il rédigea Le Prince, Machiavel posa un  regard froid et descriptif de la pratique du pouvoir, il analysa la vérité effective . De plus, Machiavel n`avait pas comme objectif de concevoir un État idéal comme Platon, son but se rapprochait plus d`analyser les systèmes politiques et les pratiques actuelles pour en conclure les plus efficace pour qu`un « prince » puisse garder son pouvoir. Machiavel avait aussi comme objectif de rendre Florence comme une force politique car cette ville représentait déjà une  force économique et artistique de son époque. Pour Machiavel, la politique se caractérise par le mouvement, par le conflit et des ruptures violentes.


Platon
Lorsque Platon rédige La République et lorsqu`il philosophe, c`est qu`il est à la recherche d`une façon d` élaborer une cité réellement juste. Tout comme Socrate son maître, il ne croit pas à la démocratie directe car les orateurs usent de sophistes pour convaincre les opinions de la population et Platon est convaincu que l`art de persuader ne devrait pas être dans le processus d`élaboration des lois dans une cité, ce qui revient à dire que la politique se doit d`être séparé des opinions du hasard. Lorsqu`il écrit son œuvre, il a pour objectif de présenter une constitution politique qui sera basée sur la raison avec deux principes généraux : le principe de justice et la construction de l`État sur le savoir et non sur les opinions. Tous les travaux de Platon ont comme objectif l`élaboration de la meilleure cité possible dans le but avoué que les hommes qui vivent dedans aient une vie heureuse et la recherche du bien commun.

Le philosophe ne croit donc pas en la démocratie directe et il croit fermement que ce sont les hommes éduqués, particulièrement les philosophes, qui doivent gouverner le peuple car Platon base sa réforme sur le professionnalisme et la discipline des dirigeants. En effet, si Platon croit que ce sont les compétences qui doivent gouverner, c`est parce qu`il conçoit la politique comme un idéal d`éducation et de formation du genre humain. Selon lui les philosophes doivent gouverner la population « ignorante »  car ils sont les seuls à connaître le « bien ». Le but principal du politique ne serait donc pas de type d`administration ou de gestion économique, mais plus de construire un homme meilleur et la politique serait donc une recherche de la finalité idéale. Alors pour Platon, « L’idée que certains, par nature, sont voués au commandement, paraît alors compréhensible : gouvernent ceux qui sont capables d’accéder aux valeurs. Pour ceux-là, le pouvoir est conçu comme un devoir, une tâche, un service, et non pas comme la satisfaction d’intérêts quelconques » [1]. Platon clarifie le genre d`éducation que les dirigeants, ou le peuple, se doit de recevoir de façon rigoureuse pour être en mesure d`aider les autres et de faire évoluer la cité par son savoir. Il conseille les disciplines suivantes : géométrie, mathématique, philosophie, musique, poésie et gymnastique entre autre.

Pour ce qui est de la nature humaine, Platon parle du fait que les hommes qui sont seuls ressentent le besoin de se réunir pour subvenir à leurs besoins naturels pour s`aider à survivre.  Pour Platon, les besoins humains qui sont essentiels sont aussi des besoins sociaux. Les humains vivent alors en entraide mutuelle et les besoins primitifs sont donc comblés. Toujours selon le philosophe, cette cité est viable jusqu`à temps que ce sont les besoins nécessaires et superflus qui deviendront la priorité des hommes qui forment la cité. La continuité de cette cité nécessite que les besoins des uns ne briment pas les besoins des autres, et ce même si l`agrandissement de la cité créé de nouveaux besoins et engendrent des rivalités.  Les dirigeants se doivent donc d`opter pour le modèle de l`harmonie, qui signifie absence de conflits, pour que la cité soit comme une âme, avec ses trois parties qui sont la cité (les producteurs), l`âme et la vertu. La justice serait donc « une organisation harmonieuse et vertueuse des trois classes. Le but est d`éviter la corruption pour que le besoin d`une cité juste pour un citoyen juste » (note de cours) soit respecté et comblé. La justice est donc en fait la spécialisation des tâches, de sorte que tous contribuent au maintien et à l`évolution de la cité, et ce en respectant la hiérarchie de la société. Mais pour que cette hiérarchie soit respecté, il faut que « Les gouvernants sont soumis à un principe qui les dépasse : le Bien. Sans ce principe, l’organisation politique platonicienne est une monarchie absolue appuyée sur une caste militaire et reposant sur une idéologie de la nature qui assigne à chacun sa tâche. […] Si une telle mesure extrahumaine n’existe pas, ou que personne ne peut y accéder, alors, toutes les décisions des gouvernants sont relatives, tout est contingent et tout est contestable. Aucune société politique ne peut alors se maintenir. Le politique trouve donc son principe dans une métapolitique qui est la philosophie » [1]



Machiavel
Nicolas Machiavel écrit son œuvre Le Prince pour regagner les grâces des Medecis et pour s`auto promouvoir. Il analyse froidement la politique et la façon dont doit être exercé le pouvoir pour le maintenir. Il ne recherche pas comme Platon la conception d`un État idéal, mais il analyse plutôt les pratiques politiques pour en soutirer les meilleures et laisser de côté les plus faibles et ce toujours dans le but de maintenir le pouvoir du prince. Il croit dans un État fort centralisé avec comme objectif d`unifier d`autre état pour en faire un État nation. Selon Machiavel, « les hommes se réunissent dans la cité pour la sécurité en raison de leur Nature pour les intérêts » (note de cours).  La célèbre expression « la fin justifie les moyens » provient de Machiavel et c`est sa finalité de la politique. Pour lui, la seule et unique vertu qu`un prince se doit d`avoir en politique est la puissance pour maintenir la sécurité de son peuple dans la cité.

Le but premier de Machiavel est d`instruire le prince de Florence pour qu`il résiste à la  politique qui se caractérise par le mouvement, le conflit et des ruptures violentes. L’art de bien gérer la cité mais aussi celui d'apprendre à se maintenir au pouvoir dans une situation ouverte à toutes les situations possibles est aussi un des objectifs que Machiavel veut démontrer avec son œuvre.

Dans Le Prince, Machiavel donne plusieurs indices sur les qualités qu`un dirigeant se doit d`avoir pour maintenir son pouvoir et il apparait clairement que Machiavel ne recherche pas la cité idéale, mais belle et bien la sécurité dans la cité. Par exemple, Machiavel débute son exposé de façon très claire en indiquant que la méchanceté est un art que le dirigeant doit maîtriser selon les nécessités  s`il veut conserver son titre. Toujours selon Nicolas Machiavel, « un prince ne doit-il se soucier aucunement d`être traité de cruel si l`unité et la fidélité de ses sujets sont en jeu » (Le Prince, p.86).

Pour ce qui est de la nature humaine, Machiavel ne croit aucunement que l`humain est un être bien alors il affirme que le prince n`a donc pas à agir dans le bien constamment : « Si les hommes étaient tous des gens de bien, mon précepte serait condamnable ; mais comme ce sont tous de tristes sires et qu`ils n`observeraient pas leurs propres promesses, tu n`as pas non plus  à observer les tiennes » (Le Prince, p.92). Machiavel ajoute dans le même passage que l`humain à deux natures ; humaine et bestiale. Il continue en affirmant que l`homme n`est pas par nature bon car il est guidé par des passions  d`ambition et de nouveauté.

Machiavel était plus objectif dans sa manière d`analyser les événements politiques. Il a d`ailleurs été un des premiers à plaider pour une séparation de l`Église et de l`État dans les pouvoirs. Selon Machiavel, « il peut être utile de se servir de la religion pour gouverner, mais l'État n'a pas à rendre des compte à l'Église » [2]. Il affirme que le pouvoir ne vient pas de Dieu ni d`une convention entre humain, mais plutôt de la force avec la guerre. Cependant plusieurs analyses montrent que Machiavel défendait une thèse où l`armée serait composée de citoyens (milices) et non de mercenaires et cela aurait comme conséquence que la force de la guerre serait pour le bien du peuple.



En conclusion, il est évident que les deux grands penseurs que sont Platon et Machiavel ont une conception complètement différente du rôle que doivent avoir les dirigeants politiques envers leur peuple et leur cité. En effet, Platon a comme idéal une société juste ou que le bien du peuple serait recherché et que les dirigeants travaillent pour le bien commun. Pour Machiavel, il est réaliste dans son analyse et ne recherche en rien le bien du peuple mais plutôt pour l`édification d`une cité forte et unie par la force du prince.  Son analyse froide se veut plus être un guide pour aider le prince à maintenir et garder son pouvoir sur son peuple. Il faut cependant avouer que les deux ne croient aucunement en la démocratie directe et qu`il privilégie le pouvoir à des groupes distincts ; pour Platon il insiste sur le fait que les dirigeants doivent être éduqué et formé pour gouverner en bien la cité, tandis que Machiavel opte pour le pouvoir à la main d`un souverain fort par son pouvoir militaire et économique. Aussi, les deux penseurs ont un point commun fort en la recherche de l`harmonie comme finalité dans la cité, ce qui signifie l`absence de conflit. Il faut cependant comprendre que les moyens proposés par Platon et Machiavel pour atteindre cette harmonie sont complètement à l`opposés


Bibliographie

-[1] La théorie platonicienne du politique dans La République, site web :http://www.philocours.com/cours/cours-platonpolitique.html, page consultée le 4 décembre 2011
-[2] LONGEART, Maryvonne. Nicolas Machiavel,  site web : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=9454, page consultée le 4 décembre 2011
-MACHIAVEL, Nicolas.  Le Prince, p.78-135
-TANGUAY, Alain. Note de cours, Introduction à la pensée politique, Automne 2011

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Le participe passé devant l'auxiliaire ne s'accorde pas devant le sujet. Ainsi, on dit " ses oeuvres ont influencé" et non pas "ses oeuvres ont influencées"

    RépondreSupprimer
  2. devant l'auxiliaire avoir

    RépondreSupprimer