mardi 18 juin 2013

L`avènement de la révolution de 1917 en Russie




L`histoire de la Russie remonte à une très lointaine époque, celle de la création de l`État de Kiev. Cette société a façonné, tout au long de son histoire, une philosophie de vie et des structures politiques différentes de ses nombreux voisins tels l`Europe et l`Asie. Il faut aussi constater que la diffusion des idées n`étaient pas propices dans ce grand pays isolé du reste du monde. La Russie a eu de très bons dirigeants pour le peuple et pour l`évolution de la société russe, mais elle a aussi connue des périodes moins glorieuses avec quelques dirigeants qui vivaient pour leur propre intérêts et pour les classes  plus riches de cette société tsaristes. Il faut cependant comprendre que la domination excessive et injuste d`une classe sur une autre peut finir par exaspérer une population, et si des mesures pour apaiser cette tension grandissante sont prises trop tard par les autorités, cela peut engendrer de graves conséquences sur le système politique et économique d`un pays. C`est ce qui s`est passé en Russie lors du début du XXe siècle et qui emmènera le peuple a se soulevé contre un système injuste, dominateur et exploiteur. La Révolution de 1917 est la conséquence de plusieurs siècles d`injustice et ce travail présentera  le règne de quelques tsars qui ont précédé la révolution, principalement le règne de Nicolas II, ainsi que les évènements et les acteurs qui ont joué un rôle essentiel dans ce changement important pour une meilleure répartition des richesses collectives. 



Le régime tsariste en Russie
 Pour débuter il faut expliquer le contexte du régime tsariste en Russie et en comprendre le fonctionnement. L`Empire Russe a été fondé lors de l`année 1721 et a été remplacé par l`U.R.S.S en 1917, ce qui montre que le pouvoir monarchique de la dynastie des Romanov a duré presque 200 ans. L`immense territoire appartenant à la famille tsariste s`étalait sur plus de 15% des terres mondiales et sa population était forte de plus de 150 millions d`habitants avant la Grande Guerre.
Le pouvoir politique résidait dans les mains d`un empereur, souvent appelé tsar, et son régime politique était une autocratie, détenant ainsi tous les pouvoirs. Il faut se mettre dans le contexte du début du XXe siècle pour comprendre pleinement le cas spécifique de l`Empire Russe. En effet, plusieurs États européens de cette époque modifie ou ont modifié leur régime politique « évoluant vers des structures parlementaires et électives, l`Empire Russe demeurait le dernier bastion de l`absolutisme, où le pouvoir du souverain n`était limité par aucune forme de représentation nationale » (Werth, 2008, p.5).


Alexandre II
Lorsque celui-ci prit le pouvoir en Russie suite à la mort de son père Nicolas Ier en 1855, ce tsar conservateur était déjà âgé de 37 ans et connaissait très bien les rouages de l`État et ses dossiers en cours. Dès le début de son règne, il démontra envers le peuple une ouverture comparativement au régime de son prédécesseur. En effet, il enleva les quotas d`étudiants admis dans les universités et il permit à ses citoyens de voyager dans les pays étrangers.  Mais le problème le plus grave et qui incombait le plus le peuple était évidemment le servage, ce qui revient à l`esclavage. Le peuple, tellement opprimé et ne répondant plus à la demande des maitres, organisa quelques révoltes paysannes et cela a certainement éveillé l`attention d`Alexandre II : « les Soviétiques affirment que les révoltes paysannes ont joué un rôle décisif dans l`abolition du servage, et qu`à la veille des « grandes réformes » la Russie vivait, en fait, une situation révolutionnaire » (Riasanovsky, 1996, p.401). L`opinion publique était aussi en faveur et presque personne ne s`opposait à ce projet qui semblait maintenant nécessaire pour que la Russie puisse passer en mode capitaliste. Cela s`explique en grande partie par le fait que l`instruction est maintenant accessible à une plus grande partie de la société et les sentiments d`humanités et de justice morales devenaient de plus en plus les valeurs de ses nouveaux classes instruites. Alexandre II fit alors circuler l`information que son régime travaillait sur une politique officielle qui libérerait les serfs avec la distribution de terres. Les propriétaires acceptèrent majoritairement la proposition du tsar qui les dédommageaient grandement, soit avec l`ajout de terres ou bien avec une compensation en argent. La seule opposition au projet provenait de l`aile conservatrice du gouvernement russe : « les conservateurs défendaient les intérêts et les droits de la noblesse, les libéraux pensaient  que l`intérêt de l`État exigeait une réforme radicale, et cherchaient une solution équitable du problème » (Riasanovsky, 1996, p.403). Le 19 février 1861, le servage était abolit en Russie et les serfs libérés recevaient de la terre pour subvenir à leur besoin. Cette loi, très importante dans l`histoire de l`humanité, toucha plus de 52 millions de paysans russes et contribua fortement au déclin de la classe noblesse en faveur  du système capitaliste.

Alexandre II continu ses réformes libérales en créant les zemstva, ce qui donna plus de pouvoirs au peuple et qui stimulait l`initiative et l`activité locale, sans être toutefois réellement démocratique. Une des grandes réussites des zemstva est l`adoption d`une médecine gratuite pour les populations russes. 

Il continua ses réformes en s`attaquant au problème de la justice. Il prit l`initiative de séparer les pouvoirs juridiques et ceux de l`administration, ce qui eut comme conséquence de rendre tous les Russes égaux devant la loi et ainsi, subir les mêmes peines malgré sa classe sociale. Il devint, à cette époque, l`un des meilleurs systèmes de justice du monde. 

La réforme militaire avait aussi pour but d`égaliser tous les citoyens de ce grand pays. En effet, la loi de 1874 rendait le service militaire obligatoire pour tous, mais le service obligatoire était réduit à 6 ans au lieu de 25 ans. Tout cela avait été réalisé en quelques années et la Russie était bouleversée à tous les niveaux : « le développement du capitalisme en Russie, l`évolution de la paysannerie, le déclin de la noblesse, la montée de la bourgeoisie, surtout celle ayant une activité professionnelle, l`ascension du prolétariat, tous ces phénomènes subirent l`influence de la législation d`Alexandre II » (Riasanovsky, 1996, p.409-410). 

Toutes ses réformes positives pour le peuple ne plaisaient pas à la bourgeoisie qui voyait ses pouvoirs et son influence diminuer. Le gouvernement voyait aussi qu`il devait tout de même lutter pour préserver l`ordre établi. Le peuple aspirait à encore plus de liberté et les revendications devinrent fréquentes et il eut même des actions violentes de protestation lors du début des années 1860. Des manifestions, des appels à la révolution, la demande d`un nouvel ordre politique furent les actions prisent par les contestataires. La suite est connue… Alexandre II, le libérateur,  fut victime de ses actions et fut assassiné en 1881.




Alexandre III
Lorsque celui prit le contrôle de la Russie, son court règne a été une période de réaction vis-à-vis les revendications du peuple. Il souhaitait ardemment conserver les pouvoirs qu`il restait à son institution aristocratique et il tentait par tous les moyens de bloquer les réformes libérales de son prédécesseur et de favoriser la noblesse qui était en déclin. La première initiative que prit ce tsar fut l`adoption des « règlements temporaires » qui donnaient des pouvoirs étendus à des fonctionnaires contre tout individu qui peut menacer le régime ou l`ordre public. Des contre-réformes aidèrent Alexandre III à centraliser le pouvoir autour de lui, ainsi que de restreindre la liberté d`expression et de regroupements dans les universités. Il travailla aussi très durement pour la russification de son empire pour ainsi répondre à la montée du nationalisme en Russie et aussi pour réprimander le nationaliste des nations voisines qui pourrait menacer l`empire. Il meurt en 184 et est remplacé par son fils Nicolas II.




Nicolas II
Le souverain Nicolas II était un fervent défenseur de l`autocratie et a déclaré à maintes reprises qu`il ne continuerait pas les réformes de son prédécesseur. Il était aussi de type réactionnaire, mais sa mollesse ne lui permit pas de conclure la plupart de ses politiques réactionnaires : « un régime archaïque  et pourrissant, près de s`écrouler comme le régime russe, ne pouvait engendrer logiquement que des dirigeants semblables à Nicolas II : des vestiges impuissants du passé » (Riasanovsky, 1996, p.428).  Nicolas II était très conservateur et toute réforme devait venir de lui ou être approuver par lui et les soulèvements sociales des débuts des années 1900 ne l`ébranlèrent aucunement, ce qui fut une grave erreur. Son régime politique « avait recours à une bureaucratie centralisée et hiérarchisée, organisée verticalement, dont toutes les lignes de commandement convergeaient vers le sommet » (Werth, 2008, p.6). L`Empire Russe ne comptait sur aucun Premier Ministre et le peu de ministre dont disposait le tsar devait répondre individuellement avec ce dernier et devait accepter ses instructions et recommandations. Il y avait un Sénat qui servait plus le pouvoir judiciaire car il représentait la Cour de justice suprême. Les Sénateurs étaient nommés à vie par le souverain et avait pour rôle de s`assurer de l`application des lois soumises par Nicolas II. Il faut noter que la plupart des hauts fonctionnaires ou bourgeois de l`Empire Russe détenait leur rôle grâce à l`hérédité de leur famille. Même si elle contenait plus de 200 000 fonctionnaires, la bureaucratie de la Russie était, proportionnellement parlant, trois fois inférieures à la France. Il faut aussi comprendre que le vaste territoire de la Russie exige de nombreux fonctionnaires pour bien gérer la politique, le judiciaire, le social et l`économie. De ce fait, cette sous-administration ne servait qu`à régler les troubles d`ordre public ou pour collecter les impôts. La population n`avait guère d`autres choix : « les campagnes s`administraient elles-mêmes, par l`intermédiaire des communes paysannes et des zemstvos (assemblées municipales et provinciales) de district » (Werth, 2008, p.7). Même s`il s`agit d`un régime aristocratique, il y avait un débat d`idée dans la haute sphère de la société. Il y avait une idéologie beaucoup plus conservatrice qui privilégiait l`idéal de l`État policier. De l`autre côté, les libéraux-conservateurs soutenait un État fort, tout en respectant la primauté du droit et en prenait compte de la modernisation économique possible et des protestations sociales. Cette divergence idéologique découle principalement de l`idée que ses groupes se faisaient sur la population civile: « les conservateurs d`extrême-droite la voyait comme une horde de sauvage, alors que, pour les libéraux-conservateurs, on pouvait l`éduquer et lui apprendre le civisme » (Werth, 2008, p.7). Ses deux courants idéologiques possédaient un Ministère. Les conservateurs d`extrême-droite détenait le ministère de l`Intérieur et avait la charge d`administrer le pays, de diriger l`administration, de contrôler l`action des gouverneurs, de maintenir l`ordre public, faire respecter la loi et protéger les intérêts de l `État. Elle détenait deux corps policier, dont un se nomme la police politique et à pour tâche de la répression des troubles de l`ordre public. Ce corps policier a une forte symbolique pour le régime tsariste, mais a peu d`effectifs lors des soulèvements de 1905 et 1917. De son côté, les libéraux-conservateurs ont le ministère des Finances et Nicolas II s`assure que son idéologie soit représentée avec un très fort interventionnisme de l`État dans toutes les questions économiques.

Il est important de comprendre que ce régime tsariste et conservateur accumulait des retards importants dans toutes les sphères. Politiquement, la société civile n`avait aucune voie et aucun droit et lorsque des idées intéressaient la société, les forces de l`ordre les réprimandait fortement. Il n`y avait non plus aucun pouvoir démocratique et aucune possibilité d`évolution dans ce sens. Économiquement, le tsar Nicolas II ne voulait pas s`imposer de grandes réformes économiques et privilégiait l`interventionnisme dans tous les domaines. Socialement, le peuple n`avait aucune voix et devait assumer sa pauvreté et sa lutte constante pour sa survie. Son niveau d`éducation était nul et la grande majorité ne savait ni lire et ni écrire et l`espoir de s`améliorer dans de telle condition ne peut provenir de cette classe sociale. La Russie était donc en retard dans tous les domaines et comme les idéologies n`ont pas de frontières, le régime tsariste était menacé même si il détenait un contrôle absolu sur ses sujets et que tout changement de l`ordre était impensable sans une révolution.



La révolution russe de février 1917
Le mécontentement populaire débuta après la défaite de la guerre russo-japonaise et les critiques envers le tsar se font fréquentes. Léon Trotsky, en 1905, parle déjà de révolution : « La lutte acharnée entre le tsar et le peuple, lutte qui écarte tout ce qui ne sert pas à la victoire, le soulèvement populaire comme apogée de cette lutte; un gouvernement provisoire comme couronnement révolutionnaire de la victoire du peuple sur son ennemi séculaire; le désarmement de la réaction tsariste et l'armement du peuple par le gouvernement provisoire; la convocation de l'Assemblée constituante sur la base du suffrage universel, égal, direct et secret, telles sont les étapes de la révolution qui se dessinent d'une façon objective » (Trotsky (1),1931 p.60). Suite à ce genre de discours, une première révolution éclate en 1905 .Elle constitua une tentative du peuple russe de se libérer de son tsar, et il se produisit plusieurs soulèvements et des grèves de la part des ouvriers et des paysans, mais le tsar écrasa ce mouvement avec une répression sanglante. Néanmoins, les premières organisations révolutionnaires et de protestations virent le jour. L`industrialisation rapide des 20 dernières années et le passage marqué de la Russie au système capitaliste bouleversa complètement la société et celle-ci revendiquait davantage ses droits : «  la croissance du prolétariat et l`apparition d`un mouvement ouvrier annonçaient, de leur côté, une radicalisation de l`opposition russe. Et, bien entendu, derrière les bourgeois insatisfaits, les intellectuels critiques, les ouvriers amers, s`étendait l`océan humain de la paysannerie, misérable et désespérée » (Riasanovsky, 1996, p.438). Le « dimanche rouge » est certes l`un des évènements qui a contribué à la rupture totale entre le tsar et les ouvriers.  En effet, la police a tiré sur un syndicat et fait plus de cent morts et cent blessés. En réaction à cette bavure, Nicolas II accepta la tolérance religieuse et la tolérance contre les minorités ethniques, mais il était trop tard et les forces révolutionnaires prenaient de l`ampleur. De plus, Nicolas II tenta de calmer les ardeurs de la population en réformant les Doumas, mais ses actions eurent plus l`effet souhaité inverse et celui-ci dû les dissoudre jusqu`à temps d`obtenir la représentation qu`il souhaitait. La raison qu`il donna pour dissoudre ses Doumas et en former des nouvelle était que « le pouvoir que l`histoire lui avait conféré, son droit de révoquer ce qu`il avait lui-même octroyé, et il déclara qu`il ne répondrait au destin de la Russie que devant l`autel de Dieu qui la lui avait confié » (Riasanovsky, 1996, p.445). Lors de la formation de la troisième Doumas, Nicolas II avait modifié la Loi électorale pour lui permettre d`avoir enfin  ce qu`il souhaitait : « la voix d`un propriétaire foncier comptait à peu près autant que les suffrages de quatre membres de la haute bourgeoisie, ou de deux cent soixante paysans, ou de cinq cent quarante ouvriers. En d`autres termes, les deux cent mille membres de la noblesse terrienne disposaient de cinquante pour cent des sièges à la Douma » (Riasanovsky, 1996, p.445). À partir de cette loi, les Doumas coopérèrent avec le Tsar jusqu`à la révolution de 1917.

Lors du déclenchement de la Grande Guerre en 1914, la Russie n`était pas prête mais elle a tout de même fait preuve d`un patriotisme et cela lui a permis de remporter quelques grandes batailles du côté des alliés lors du déclenchement du conflit. Cependant, quelques batailles plus tard, la Russie était au bord du gouffre en 1915 et le régime tsariste révélait à son peuple son retard important dans les domaines sociaux et politiques et ce sont même les zemstvos qui durent s`occuper du ravitaillement et de fournir  équipements et nourritures à l`armées. La bourgeoisie-libérale critiquait sans cesse l`entourage du tsar ainsi que ce dernier et les grèves se multiplient en 1915 : « les grévistes étaient 560 000 en 1915, le double en 1916, tandis que l`agitation commençait à gagner l`armée formée de 10 millions de paysans mobilisés » (Dullin, p.6, 2009). Il y avait aussi un fossé énorme entre la Russie de Nicolas II et l`instauration d`un État libéral et des aspects comme le terrorisme politique, la russification et les règlements spéciaux visant à maintenir l`ordre le démontrent bien.

Le mois de février 1917 est historique pour le peuple russe. En effet, ce qui devait être seulement des manifestations contre la pénurie prit rapidement de l`ampleur et obligea Nicolas II à abdiquer tellement rapidement que même les révolutionnaires sont surpris, en fait cette révolution fut totalement improvisée. Cela s`explique par le fait que le tsar, contrairement à 1905, n`a plus aucun soutien et les soldats du roi aidèrent les manifestants au lieu des les réprimander. De ce fait, cette révolution a été beaucoup moins violente que prévu : une centaine de morts seulement.

Pour la première fois en 200 ans, les acteurs politiques changeront dans ce pays et cela aura comme conséquence une restructuration complète de cette société. Au lendemain de la révolution, la population demande à la Douma de prendre en charge les affaires du pays. Mais, au lendemain de la révolution se forme deux clans bien distincts. D`un côté se forme un clan, les soviets, qui sont des ouvriers et des soldats issus de la révolution de 1917 et qui sont pris en main par le mouvement révolutionnaire et qui demande au peuple de s`organiser sur ce modèle. Ce courant d`idée se répandit rapidement à travers le pays et ses leaders, dont Lénine et Trotsky, veulent un organe d`une démocratie populaire directe et locale. De l`autre côté, la bourgeoisie libérale forme un gouvernement provisoire et son objectif est d`utiliser toutes les ressources à leur disposition pour reprendre le conflit dans la Grande Guerre. Il faut comprendre qu`après l`euphorie de la victoire, la réalité atteint le pays et qu`il y aura certes une lutte entre des nouveaux acteurs politiques pour tenter de prendre le pouvoir. Les soviets surveillent cependant étroitement ce gouvernement car ce dernier ne veut pas vraiment aider la population mais plutôt exploiter les ressources du pays pour faire entrer la Russie dans la modernité.   L`autocratie est terminé, mais vers quel branche se tournera le peuple russe? 

Après quelques semaines de fêtes et de joies dans le milieu politique, plusieurs groupes se radicalisent et tentent de s`organiser avec plus de membres. De leur côté, les paysans apprirent la chute du tsar  plusieurs semaines après le mois de février 1917 et ces derniers commencèrent à mettre en pratique un vieux rêve, celui d`avoir à sa disposition toutes les terres. La propriété privée est attaquée et les comités récupèrent les terres inexploitées et le matériel agricole des grands propriétaires et impose une baisse de location des terres. Même si cela ne provient pas d`une décision du nouveau gouvernement, on peut constater que les paysans veulent plus d`équités et que la collectivité s`organise pour contrer la famine et la pauvreté au dépend de la richesse individuelle.

De plus, les soviets s`installent dans les campagnes et commencent à revendiquer leur position en faveur du peuple. Ils réclament la paix immédiate, la terre aux paysans, la journée de 8 heures et une république démocratique, ce qui est refusé par la bourgeoisie qui a le pouvoir. Les raisons qu`elle évoque sont qu`elles ne veulent offusquer leurs alliés et que le démantèlement à la propriété privé est inapplicable.  Pour assurer sa survie, ce gouvernement déclare que aussi longtemps qu`un suffrage universel ne sera fait, aucune décision ne sera prise pour ce qui est des terres. Cependant ses élections sont constamment retardées dû au million de soldats russes à la guerre et les détendeurs du pouvoir doivent de ne pas décevoir les soviets, car ses derniers ont l`appui de la grande partie de la population et des ouvriers. Même si la Russie était beaucoup plus libre depuis l`abdication du tsar, les luttes politiques se font de plus en plus. Lénine, dans ses Thèses d`avril, « donna comme objectifs  aux militants bolcheviques, qui avaient eu du mal à se laisser convaincre, la lutte contre la guerre, la rupture avec le gouvernement provisoire et le passage de tout le pouvoir aux soviets » (Dullin, 2009, p.8). C`est donc le 15 mars 1917 que Nicolas II abdiqua en son nom et au nom de son fils Alexis. 



Conclusion
En conclusion, la révolution russe de 1917 représente pour le peuple de cette époque la délivrance du régime tsariste et symbolise sa victoire historique. Il faut dire que le peuple russe a été tellement longtemps opprimé qu`il n`avait aucun modèle, et surtout aucune base sur lequel il pouvait s`appuyer pour revendiquer ses droits légitimes de façon cohérente et structurée. Pendant de longues décennies, se sont les empereurs qui se succédèrent qui décidèrent si leur action étaient destinés en faveur du peuple ou en leur propre faveur et celle de la noblesse.  L`élément déclencheur de cette révolution découle probablement des réformes libérales de Alexandre II  dans les domaines juridiques, politiques et sociales qui ont certainement éveillé les consciences dans l`espoir de voir les droits et les conditions du peuple s`améliorer d`années en années. Cependant l`arrivé au pouvoir de Alexandre III et Nicolas II par la suite ont eu plutôt l`effet contraire. En effet, ce sont deux tsars qui étaient de type réactionnaires et qui ont lutté pour conserver leur pouvoir autoritaire au lieu de transiger vers une monarchie constitutionnelle, ce qui leur aurait garanti de garder le pouvoir, amoindri certes. Il serait intéressant de continuer ce travail en se questionnant et en se demandant si les Soviets ont véritablement répondu à la demande du peuple.

Mikael St-Louis




Bibliographie
 Dullin, Sabine. 2009. Histoire de l`URSS, Paris, La Découverte, 122 p.

Riasanovsky, Nicholas V . 2005. Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Robert Laffont, 872 p.

Trotsky, Léon. 1938, La révolution permanente, page consultée le 15 avril 2001, Site web : http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revperm/rp05.html

Werth, Nicholas. 2007. Histoire de l`Union Soviétique, de Lénine à Staline (1917-1953), Paris, Presses universitaires de France, 127 p.

jeudi 13 juin 2013

Le Manifeste du parti communiste



Le monde dans lequel nous vivons est complexe et il est le résultat de l’évolution et de la multiplication des échanges sociaux entre les diverses parties des individus qui en font sa composition. Cette complexité entre les rapports humains et les États peuvent parfois emmener divers conflits, et ce pour plusieurs raisons. Des conflits peuvent effectivement avoir lieu pour des questions économiques, culturelles, religieuses, territoriales et/ou idéologiques. C’est ce dernier point qui nous intéresse dans ce travail. La construction d’une nouvelle idéologie est un long processus pour expliquer des raisonnements philosophiques, politiques, sociologiques et historiques et est souvent faite en contradiction à une idéologie dominante, ce qui entraine inévitablement des débats d’idées et peu résulter en conflits. C’est dans ce contexte que je vais présenter et analyser le Manifeste du Parti communiste, un essai politico-philosophique,  écrit et produit par Karl Marx et Friedrich Engels en 1848. Ce texte en est un fondateur de l’idéologie communiste, et plus tard,  il sera interprété et nommé l’idéologie marxiste, et il s’inscrit dans une opposition à l’idéologie dominante de l’époque et d’aujourd’hui, le capitaliste. Le plan de travail consistera à faire une brève biographie de Marx et Engel avec comme objectif de présenter le contexte de la rédaction du Manifeste du Parti communiste, un résumé de l’essai et une  analyse de la pensée des auteurs et le tout se terminera par un conclusion qui fera une synthèse du travail et où nous répondrons à la question qui est de se demander si l’œuvre de Marx et Engels est encore un texte d’actualité et si cette thèse est toujours valable en 2012.




Biographie et contexte
Karl Marx est un intellectuel allemand et  est expert et précurseur dans plusieurs domaines des sciences sociales, notamment la philosophie, la sociologie, l’économie et l’histoire. Né en 1818 et mort en 1883, il a consacré sa vie à l'application pratique de ses analyses théoriques où il a compris que la lutte philosophique qu’il mène doit évoluer à la lutte sociale pour que la société change réellement. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont le Manifeste du Parti Communiste et Le Capital qui sont des œuvres mondialement connues. Il est très impliqué dans le milieu ouvrier et il est l’un des fondateurs du mouvement ouvrier international où il écrit avec Engels plusieurs théories, comme par exemple le socialisme scientifique. Il est à noter que les écrits de Marx ont encore une influence importante sur la pensée politique actuelle et qu’elle a inspiré de nombreux régimes politiques qui ont tenté d’appliquer les théories communistes de Marx durant le XXe siècle. Encore aujourd’hui quelques régimes comme celui de Cuba, de la Corée du Nord et du Vietnam se déclarent du courant marxisme et de l’idéologie communiste.

Friedrich Engels (1820-1895) est lui aussi un philosophe et théoricien socialisme allemand. Lui et Marx deviennent rapidement amis et complice dans leur compréhension théorique du socialisme, du communisme, du matérialisme historique et de la nécessité de changer la société par une révolution prolétarienne. Engels est le co-auteur du Manifeste du Parti communiste et il a terminé l’œuvre de Marx après sa mort en rédigeant les tomes II et III du Capital à l’aide des brouillons de ce dernier.

Le contexte dans lequel a été rédigé le Manifeste du Part communiste est celui d’une commande faite par la Ligue des Communistes. En effet, Karl Marx est le principal auteur de cet ouvrage, mais il l’a fait à la suite des conclusions, des textes rédigés et des discussions faites par la Ligue des Communistes. Il s’agit donc d’une œuvre collective où Marx et Engels eurent un rôle central et primordial. Il importe de spécifier que cette commande a été faite dans le but de bien définir les principes et les projets du communisme car cette idéologie est mal comprise à cette époque et elle est l’objet de fausses interprétations par ses adversaires en Europe. Ce Manifeste a été écrit en pleine période de révolution industrielle et il se veut un texte fondateur de la doctrine socialisme et du communisme. Écrit à partir d’une approche historique qui étudie les grandes révolutions de l’histoire, principalement la Révolution Française bourgeoise de 1789,  il explique la lutte historique et continuelle des classes qui s’exploitent pour prendre contrôle des rouages de l’État. Le Manifeste du Parti communiste eut très peu d’écho lors de sa publication et il a fallu attendre plusieurs années après la mort de Marx avant qu’il soit véritablement étudié et analysé. Aujourd’hui, Karl Marx est considéré de par son œuvre comme l’un des fondateurs de la sociologie et ses écrits sont encore étudiés, analysés et mis en application par des régimes politiques.


Le Manifeste du Parti communiste

Chapitre 1 – Bourgeois et prolétaires
Le premier chapitre est probablement le plus important pour la raison qu’il y définit les différentes classes sociales, notamment les bourgeois et les prolétaires, et qu’il en fait une analyse historique. Karl Marx débute l’écriture du manifeste en donnant la ligne directive que prendra son analyse. Il affirme que : « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de  luttes des classes » (Marx et Engels, 1848, p.6). Le premier constat qui ressort de son analyse et de cette citation est qu’il existe historiquement un rapport de domination entre les hommes qui sont catégorisés dans des classes sociales définit par la société. Par exemple, au cours de l’histoire, il y a eu le rapport de domination entre les hommes libres sur les esclaves, pour ensuite se diriger vers la domination des seigneurs sur les serfs et pour se rendre à la domination des bourgeois sur les prolétaires. Généralement, nous pouvons expliquer cette domination sous le rapport de oppresseur / opprimé. Un deuxième constat qui ressort est que les hommes sont donc en constante opposition dans leur rapport de domination. Marx nomme ce processus la lutte des classes et il explique que cette lutte continue jusqu’à temps qu’une révolution transforme le rapport de domination ou que les deux classes en lutte disparaissent. Marx indique cependant que le modèle révolutionnaire utilisé fait en sorte que même à la suite d’une révolution, une nouvelle hiérarchie s’installe et se transforme naturellement en nouvelle lutte des classes avec de nouveaux acteurs qui reproduisent les mêmes rapports de domination de l’homme sur l’homme. Marx et Engels affirment donc que les antagonismes des classes subsistent même après une révolution. Pour expliquer cette argument, Marx avoue que « la bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques » (Marx et Engels, 1848, p.8). Effectivement, la bourgeoisie de l’époque a joué un rôle révolutionnaire en changeant par la force des armes les rapports de forces et de productions. Ses changements ont cependant apportés de nouvelles conditions d’oppressions, de nouvelles classes sociales et de nouvelles luttes entre les classes sociales. Le Manifeste démontre donc en premier lieu la façon dont le capitalisme s’est développée à partir de la société féodale et comment il a évolué après la révolution bourgeoise en France où les rapports de domination se sont transformés mais où ils sont toujours présents. Marx et Engels continuent le Manifeste en définissant les deux classes sociales qui sont présentement en lutte, soit la bourgeoisie et le prolétariat.

« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production et donc les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux » (Marx et Engels, 1848, p.9). Cette citation démontre que les communistes s’intéressent à la transformation économique qu’apporte le capitaliste et qui change les modes de productions et où le travail est la source des fondements sociaux. En effet, l’analyse qui en ressort est que l’ancien système féodal ne répond plus aux exigences industrielles bourgeoises et que la révolution industrielle changera le mode de production qui était manufacturier pour devenir industrielle. Les bourgeois seraient donc en constante recherche de richesses en utilisant les moyens de surproductions et d’accumulations de biens, ce qui mènera à une série de progrès technique qui aura comme conséquence la globalisation de la production. Une évolution s’en suit donc et suit les étapes suivantes : développement des techniques, élargissement du commerce, et accélération du développement des moyens d’échanges comme dans le domaine du transport et de la communication. Marx et Engels dénoncent le fait que ses progrès profitent uniquement à la bourgeoisie et que cette classe sociale va dominer de plus en plus les prolétaires et cela devrait mener à une révolte de la classe opprimée lorsque ceux-ci prendront conscience de leur état de servitude. Nous pouvons déjà apercevoir une ébauche de la théorie du matérialisme historique présenté par Marx où il affirme que l’humain évolue dans ses rapports sociaux à la suite de la transformation matérielle des moyens de production. 

Une autre critique de Marx face au système capitaliste et à la bourgeoisie est que ce système de domination prône la liberté de commerce avec comme conséquence de faire perdre à l’humain le sens réel du travail et traitre dorénavant le travail de ce dernier comme une simple marchandise dans les moyens de productions qu’elle contrôle avec notamment  l’imposition du salariat. En effet, Marx affirme que « le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise au même titre que tout autre article de commerce » (Marx et Engels, 1848, p.11) et il continu en définissant le concept de division du travail en affirmant que l’ouvrier  peut se définir uniquement avec sa force de travail et qu’il est seulement un accessoire de la machine dans le système capitaliste. Il faut donc comprendre que les moyens de productions et d’échanges qui ont été changé lors de la révolution industrielle et qui sont favorisés par le libre marché et la libre concurrence sont les fondements sur lesquels reposent la nouvelle classe dominante à cette époque, la bourgeoisie.

Marx et Engels continuent de développer leur pensée dans le Manifeste du Parti communiste en définissant les réalités de la classe sociale prolétaire. Il est dit dans le manifeste que la plus grande force du prolétariat est sans aucun doute son nombre et qu’il doit impérativement en prendre conscience.  En effet, « avec le développement de l’industrie, le prolétariat ne fait que s’accroître en nombre; il est concentré en masses plus importantes; sa force augmente et il en prend mieux conscience » (Marx et Engels, 1848, p.13) et que la victoire du prolétariat passe nécessairement par l’union complète de cette classe. Et cette union doit d’abord se faire au niveau local et ensuite national avec comme objectif de prendre de plus en plus conscience de leur nombre et de leur aspiration commune et évoluer en un mouvement révolutionnaire au niveau international. Marx affirme aussi que seulement le prolétariat peut réaliser et accomplir une véritable révolution en abolissant la lutte des classes car elle est la composante majoritaire des sociétés capitalistes. Les autres révolutions dans l’histoire se résument à une lutte des classes où une minorité ressort gagnante et impose à son tour son modèle de domination et d’exploitation. La révolution prolétarienne sera celle de la majorité pour la majorité. 

Ce chapitre se termine en revenant sur le salariat. Les auteurs disent que « l’existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour conditions essentielles l’accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l’accroissement du capital; la condition du capital, c’est le salariat » (Marx et Engels, 1848, p.16). Cette domination a cependant une faiblesse et elle réside dans le fait que le principe de salariat découle directement de la compétition que se font les ouvriers entre eux. Lorsque les ouvriers prendront conscience que leur unité est leur principale force et que leur unification à un même groupe de protestation sera faite,  ils deviendront une force politique et la « chute (de la bourgeoisie) et la victoire du prolétariat sont également inévitables » (Marx et Engels, 1848, p.16).


Chapitre 2 – Prolétaires et communistes
 Le deuxième chapitre est une analyse de la position des communistes dans la lutte des classes. Ce chapitre sert à  différencier l’idéologie communiste des autres partis ouvriers et de démontrer que la véritable révolution prolétarienne ne peut que se réaliser avec le modèle idéologique des communistes. Les auteurs du Manifeste expliquent directement l’objectif de leur idéologie : « le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers; constitution du prolétariat en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat » (Marx et Engels, 1848, p.18). En d’autres termes, nous pourrions résumer la stratégie de Marx en quelques mots : prises de conscience du prolétariat, révolution prolétarienne, dictature du prolétariat. 

Les communistes continuent en définissant une de leurs principales idées, soit l’abolition de la propriété privée. Ils veulent véritablement  distinguer  leurs arguments de ceux des bourgeois et tenter de rassurer les prolétaires. En effet, Marx et Engels indiquent clairement qu’ils ne veulent pas l’abolition de la propriété  en général, mais bien abolir les structures de la propriété bourgeoise car elle représente l’exploitation d’une classe sur une autre : « la propriété bourgeoise, est l’ultime et la plus parfaite expression du monde de production et d’appropriation qui repose sur des antagonismes de classe, sur l’exploitation des uns par les autres. En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée » (Marx et Engels, 1848, p.18). Les auteurs critiquent fortement la bourgeoisie en affirmant que si la propriété privée existe, c’est uniquement pour exercer la domination bourgeoise sur les prolétaires car : « la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres; si cette propriété existe, c’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes » (Marx et Engels, 1848, p.20). Il est aussi expliqué dans ce manifeste que le capital est le résultat collectif du travail individuel de chaque individu et qu’il devrait en conséquence appartenir à tous en étant une « puissance sociale ». Cette transformation résulterait à ce que le capital devienne alors une propriété collective et cela aurait comme conséquence d’abolir la lutte des classes. 

Marx prend position dans ce chapitre en ce qui concerne le débat sociologique et politique entre la place que doive occuper la liberté et l’égalité dans les fondements des systèmes politiques. Comme nous l’avons vu, il prône l’égalité dans le vrai sens du concept où « le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous » (Marx et Engels, 1848, p.24).  Pour ce qui est de la liberté, Marx s’attaque directement à la liberté bourgeoises et il dicte clairement son idéologie en affirmant que le communisme veut abolir la liberté du commerce : « par liberté, dans le cadre des actuels rapports de production bourgeois, on entend la liberté du commerce, la liberté d’acheter et de vendre » (Marx et Engels, 1848, p.19). Cette liberté de commerce selon eux est le symbole ultime du capitaliste qui prône l’enrichissement personnel par tous les moyens et reproduit constamment le rapport de domination de la classe bourgeoise.

L’analyse continue en justifiant les idées des communistes d’abolir les institutions bourgeoises que sont la famille bourgeoise, l’éducation familiale  et la nation. Selon eux, tout est basé sur les rapports de production que ses institutions génèrent et sur l’influence néfaste des bourgeois qui veulent seulement en tirer avantage. Par exemple, la femme et les enfants sont régulièrement exploités dans la société bourgeoise et cela se reflète dans le modèle de la famille. Il est de même pour l’éducation qui devrait devenir une éducation de la société par la société. Cela ferait en sorte que l’éducation serait égale pour tous et aurait comme conséquence d’augmenter l’égalité entre les individus. Le changement de la société passe donc par une rupture de l’idéologie bourgeoise et par la prise de contrôle des structures de l’État par les prolétaires qui se formeront une classe nationale.  Cela devrait mener  à l’union internationale des prolétaires et à une révolution communiste mondiale : « à mesure qu’est abolie l’exploitation de l’homme par l’homme, est abolie également l’exploitation d’une nation par une autre nation. Du jour où tombe l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, tombe également l’hostilité des nations entre elles » (Marx et Engels, 1848, p.22). 

Les auteurs terminent le chapitre en proposant un modèle révolutionnaire pour permettre aux prolétaires de prendre contrôle des structures de l’État. Il faut d’abord que les prolétaires prennent conscience de leur nombre et qu’ils se constituent en classe dominante avec comme objectif d’établir leur « suprématie politique »  sur la classe bourgeoise. Une fois que les prolétaires auraient le contrôle des structures de l’État, Marx et Engels proposent 10 mesures qui pourraient être appliquées. Retenons en quelques-unes comme l’abolition de la propriété privée au profit de l’État, impôt progressif, nationalisation des banques et monopole de l’État pour ce qui est du capital, nationalisation des moyens de transports, éducation publique et gratuite etc. À la suite de ses mesures, la production et l’économie appartiendraient donc à l’ensemble des individus, les prolétaires. De là, le prolétariat serait la classe dominante victorieuse de la révolution et aurait le devoir d’abolir «  par la violence les anciens rapports de production, il abolit en même temps que ces rapports les conditions de l’antagonisme des classes, il abolit les classes en général et, par là même, sa propre domination de classe » (Marx et Engels, 1848, p.24). La révolution ouvrière abolirait donc la lutte des classes où la minorité domine la majorité.


Chapitre 3- Littérature socialiste et communiste
Ce chapitre se veut être une critique des théories et des propositions de plusieurs idéologies politiques qui se réclament réformatrices et utopistes. Marx et Engels les séparent en trois catégories; le socialisme réactionnaire, le socialisme conservateur ou bourgeois et le socialisme et le communisme critico-utopiques.

Les auteurs indiquent que ses formes de socialismes ne règlent aucunement le problème de fond qui implique la lutte des ouvriers et surtout elles gardent les mêmes structures de la société en admettant la nécessité de l’antagonisme des classes. La révolution ouvrière est ainsi écartée et la domination d’une classe sur les autres où l’homme domine l’homme est reproduit dans ses types de socialismes. 

La seule voie possible est donc celle du communiste qui fera prendre conscience au prolétariat de l’importance de s’unir en classe dominante et de renverser le système historique de domination de l’homme sur l’homme.


Chapitre 4- Position des communistes envers les différents partis d’opposition
Les principales idées des communistes, qui prônent l’émancipation et l’union du prolétariat et l’abolition du la propriété privée,  sont rappelées dans le dernier chapitre du Manifeste du Parti communiste. Marx et Engels font le point sur la situation politique en France, en Suisse, en Pologne et en Allemagne et malgré quelques critiques à leurs alliés politiques dans ses pays, ils affirment que les communistes vont appuyer ses mouvements qui veulent changer les structures de ses sociétés de domination : « en un mot, les communistes appuient en tous pays tout, mouvement révolutionnaire contre l’ordre social et politique existant » (Marx et Engels, 1848, p.35).

Les communistes reviennent sur leur objectif internationaliste en expliquant que le prolétariat est une classe qui est présente partout dans le monde et que cela dépasse le cadre des nations. De là, « les communistes travaillent partout à l’union et à l’entente des partis démocratiques de tous les pays » (Marx et Engels, 1848, p.35). 

Karl Marx et Friedrich Engels terminent le Manifeste en clamant que le communiste est là pour accompagner les prolétaires du monde entier dans leur révolution qui aboutira au communiste et qui combattra la bourgeoisie et les riches dominateurs. Cette révolution se fera inévitablement avec les armes et aura comme dénouement un « renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste! Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner » (Marx et Engels, 1848, p.35). Selon le Manifeste, la révolution communiste ne peut qu’être gagnante, à condition que le prolétariat prenne conscience dans son état et de sa force, s’unisse et s’émancipe par la prise de contrôle des structures de l’État.

Le slogan qui termine le Manifeste du Parti communiste « PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS! »  est le symbole que la condition des ouvriers à travers le monde est similaire et que cela démontre que cette lutte est mondiale et qu’elle doit être mener à la prise de conscience qu’ils forment un même groupe, une même classe collective et qu’elle doit s’unir.


Conclusion
En conclusion, en ce qui concerne notre questionnement de départ qui était de se demander si le Manifeste du Parti communiste était encore un texte d’actualité et si cette thèse est toujours valable en 2012, la réponse est positive selon nous.  Engels explique dans une des préfaces comment le Manifeste du Parti communiste est un guide à l’action et un programme politique qui peut vieillir pour certain de ses points, sans toutefois en affecter l’ensemble de la théorie.  Marx et Engels diraient qu’aujourd’hui en 2012, la bourgeoisie a renforcée son rôle et son contrôle sur les affaires économiques, politiques et culturelles de la nation.  Depuis que la bourgeoisie s’est elle-même constituer en la nation, elle a fait en sorte de mettre en place un État non seulement sous son contrôle et sa domination, mais également à son image. D’ailleurs Marx a affirmé que la bourgeoisie doit toujours se renouveler et que cela causera sa perte. Depuis quelques années, la libération du marché a fait perdre beaucoup de pouvoir à l’État-nation au profit de la globalisation des échanges. De plus, Marx avait en quelques sortes prédis les effets pervers qu’auraient la mondialisation sur la domination de la bourgeoisie sur le prolétariat. Il est évident que la distinction des classes sociales en 2012 est plus complexe qu’à l’époque où l’opposition entre bourgeois et prolétaires étaient plus clairement définie. Mais il est néanmoins d’actualité de parler de lutte des classes sociales quand nous savons que l’écart entre les riches et les pauvres s’accentuent à toutes les décennies. Marx parlait à l’époque des 90% d’individus qui ne pouvaient accéder à la propriété privée et que le système profitait au 10% des bourgeois. Il est intéressant de faire un parallèle avec le mouvement Occupy de l’an 2011  où leur slogan était « nous sommes les 99% », et qui prétextait que la richesse mondiale est concentrée dans les mains de 1% d’individus riches. Même si le contexte a grandement changé de 1848 à 2012, le Manifeste du Parti communiste peut encore servir à la compréhension des rapports sociaux en lien avec le système capitaliste. D’ailleurs Marx et Engels avaient affirmé à l’époque que la liberté du commerce aurait comme conséquence une concentration du capital et à des monopoles et ce, au détriment du prolétariat. Marx utilise le concept globalisation ou internationalisation pour parler du phénomène actuel que nous vivons qui se nomme la mondialisation. Le terme principal du texte est inévitablement la lutte contre les inégalités sociales et/ou de classes et cela est un sujet à vocation universelle et mondiale selon moi. Cela rendra donc ce texte d’actualité pendant encore très longtemps. Il faut aussi faire attention aux analyses qui affirment que les régimes qui ont fait l’expérience du communisme ont tous été des échecs. Marx et Engels ne prônaient aucunement l’imposition de régimes autoritaires et totalitaire comme ce fût le cas en URSS et en Chine par exemple. Il faut aussi prendre en compte du contexte où la révolution communiste est restée concentré dans certaines nations et ne s’est pas transformée en révolution mondiale, ce qui était une des conditions pour que la révolution prolétarienne aboutisse globalement selon Marx. L’idéologie communiste de l’époque peut se résumer à quelques points centralisateurs qui veulent en résumé une société égalitaire : abolition de la propriété privée, abolition des classes sociales, contrôle de l’État de l’économie, des banques et des transports, et où la finalité du communisme serait une société sans État. Quant à savoir où se place le texte du Manifeste du Part communiste dans le cadre des grands paradigmes que nous avons étudiés dans le cours d’Histoire de la pensée sociologique, il est évident que cette œuvre s’inscrit dans la pensée globale d’un des principaux fondateurs de la pensée sociologique que nous avons étudiés, Karl Marx. Il est donc dans la même catégorie des fondateurs de la sociologie au même titre que Durkheim, Weber, de Tocqueville et de Beauvoir, tout en ayant sa propre idéologie et méthodologie. Il a non seulement élaboré des théories et des idéologies, mais il a participé à des mouvements sociaux car il croyait fermement entre le lien entre la théorie et la pratique : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, ce qui importe c’est de le transformer » (1). Comme mentionné en début de ce travail, Marx a influencé de nombreux sociologues et de nombreux courants politiques à la suite de la parution de ses écrits. Ses théories qui ont eu le plus d’écho sont le matérialisme historique et la lutte des classes.  Encore aujourd’hui, son idéologie influence de nombreuses mentalités, idéologies et quelques régimes politiques.


Mikael St-Louis


 Bibliographie


MARX, K. et ENGELS, F. (1848). Manifeste du Parti communiste, dans la collection les classiques des sciences sociales, page consultée le 15 décembre 2012, Site web : http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/manifeste_communiste/Manifeste_communiste.pdf

(1)  THIBAULT, M. (2012). Notes de cours dans le cadre du cours Histoire de la pensée sociologique, session Automne 2012, Université du Québec en Outaouais

DELAS, JP. et MILLY, B. (2005). Histoire des pensées sociologiques, Paris, Armand Colin, 450 pages.


La Révolution tranquille, une expression juste ou exagérée ?

Le peuple québécois a surmonté de nombreuses épreuves tout au long de sa riche histoire et cela a certainement contribué a façonné son identité et a forgé des liens d’appartenance entre eux. Certains moments ont été cruciaux dans leur lutte d’affirmation pour leur pleine reconnaissance de leur droit dans un pays à majorité anglophone et la période commençant dans les années 1960 démontre clairement une affirmation du peuple québécois, via un gouvernement réformateur qui représente bien son émancipation, à vouloir se sortir d`une grande noirceur et de faire son entré dans la modernité que vivait les autres peuples occidentaux. La Révolution tranquille des années 1960 est une période de grands changements sociaux et il est important de se demander si cette expression, "La Révolution tranquille", est juste ou exagérée. Pour ce faire, ce travail définira tout d’abord le concept de la Révolution tranquille et fera ensuite une analyse des faits historiques en abordant les thèmes économiques, politiques et sociaux pour tenter de répondre adéquatement à ce questionnement.


La Révolution tranquille
La Révolution tranquille désigne une période de l’histoire récente du Québec qui regroupe pour la majeure partie les années 1960. Cette période est caractérisée par une réorientation de l’État québécois, sous le gouvernement libéral de Jean Lesage, et adopte les principes de l’État-providence, la mise en place d’une séparation de l’Église catholique et contribuât fortement à la construction d’une nouvelle identité nationale québécoise, qui s`éloigne du nationalisme traditionnel canadiens-français. Tout cela est réalisé dans l’objectif de débuter un processus de modernisation et faire entrer le Québec dans la modernité que vivent la majorité des pays occidentaux depuis la fin de la Seconde Guerre.


Le régime de Duplessis
Pour expliquer de façon concrète les changements apportés lors de la Révolution tranquille, il faut absolument mettre en contexte la période d’avant 1960 pour démontrer l’ampleur des nouvelles politiques gouvernementales sur la société québécoise de cette époque.

Maurice Duplessis a été Premier ministre du Québec de 1936 à 1939 et de 1944 à 1959 et seule la mort l’a probablement empêché de continuer à diriger la province. Son idéologie conservatrice et religieuse a marqué la durée de son mandat, qui d’ailleurs est le plus long règne de l’histoire politique du Québec. Il a profité durant de longues années de la carte électorale qui favorisait les régions au détriment de villes, ce qui aida Duplessis a remporté de nombreuses élections et aussi du fait que le Parti Libéral du Québec était complètement désorganisé et dépourvu de leader. Politiquement, il est connu dans l’histoire pour sa lutte anticommuniste avec l’aide de l`Église catholique, la loi du cadenas qui interdisait tout réunion syndicale et rendait les grèves illégales, son nationalisme et sa position autonomiste contre le gouvernement fédéral, sa politique non-interventionniste dans l’économie et ses budgets équilibrés et aussi pour l’adoption de la fleur de lysée comme drapeau du Québec.

Ce qui caractérise le plus son règne est le retard d’évolution des conditions sociales du peuple québécois durant ses mandats. Cette période a été appelé "la Grande Noirceur" par ses adversaires politiques de l’époque et cette appellation est aujourd’hui utilisé dans les livres d`histoires sur le Québec pour désigner le passage de Maurice Duplessis en politique. Ce nom découle du fait que les canadiens francophones représentaient la majorité, mais ils étaient la classe la plus pauvre du Québec et ils étaient soumis à une petite classe dirigeante d’anglophone qui détenait toutes les ressources économiques pour s`épanouir au détriment des francophones.

Ses longues années de pouvoir ont créé plusieurs mouvements de contestation envers le régime Duplessis et cela a évidemment éveillé les consciences de plusieurs individus. C’est le cas en autre de Cité libre, une revue fondée dans les années 1950 par Pierre-Elliot Trudeau et Gérald Pelletier, qui se veut une des voix du nouveau libéralisme. En effet, cette revue affirme que "les individus doivent posséder non seulement le droit au plein épanouissement de leurs facultés et à l’exercice de leur liberté, mais aussi les moyens d’y parvenir. Or l’exploitation dont elle est victime empêche la majorité de la population, en l’occurrence les travailleurs, de pouvoir se comporter en citoyens libres. Seulement la syndicalisation et la reconnaissance du droit de négocier peuvent corriger cette situation" (Linteau-Durocher-Robert-Ricard, 1989, p.353).


Les années 1960
Il faut dire que le Québec, économiquement parlant, vivait une période prospère depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et cela cadrait bien dans le contexte mondial et au Québec, la population a augmenté de façon considérable notamment dû au baby-boom. Lors des élections des années 1960, Jean Lesage et son équipe du “tonnerre” se font élire sous la bannière du Parti Libéral et promettre une réorientation complète de l`État québécois. Son programme est réformateur car il veut moderniser l’État, les ministères et la fonction publique. De plus, le point central de son programme est primordial pour le peuple ; il veut modifier le système économique pour que les Québécois francophones puissent monter dans l’échelle sociale et ainsi prendre contrôle de leur économie. Cette élection est suivie d’une période de prospérité économique qui est caractérisée par le plein-emploi et une faible inflation des prix, un des niveaux de vie les plus élevé au monde, une croissance économique forte et soutenue qui entraine une augmentation de la consommation en générale et finalement une intégration économique et une plus forte exportation vers les marchés extérieurs, principalement vers les États-Unis.

Les Libéraux de Lesage prône l’intervention de l’État pour créer un État providence. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement intervient de plus en plus dans divers domaines et devient régulateur de son économie en la modernisant en investissant dans des nouvelles technologies, notamment l’Hydro-électricité ou le Québec devient maitre dans ce domaine et dans plusieurs secteurs mous pour relancer l’activité économique et le privé n’ose pas s’investir. Pour augmenter la place des québécois dans leur économie, le gouvernement met en place des mesures qui favorisent la scolarité de son peuple et rédige des lois qui favorisent de meilleures conditions de travail pour les ouvriers québécois.

Un État interventionnisme se doit d’investir des sommes de capitaux considérables et le recours à l’endettement est synonyme d’intervention gouvernementale. Lesage est chanceux parce que le Québec possède une des meilleures cotes de crédit car Duplessis a toujours rendu des budgets équilibrés et la province paraissait bien gérée. Le gouvernement profite de cela et créé de nombreuses sociétés d’État avec comme objectif économique de contrôler une partie des richesses naturelles de la province. Cela mène au fait que les québécois sont encore pauvres individuellement, mais collectivement ils sont dans un bien meilleur état financier. Une des mesures notables de cette période est la nationalisation de l’hydroélectricité qui permet d’unifier les tarifs à la grandeur de la province, de développer un réseau en vue d’exportation et de développer une expertise toute québécoise dans un domaine précis. La création de la caisse de Dépôt qui est un outil d’investissement majeur pour l’État est aussi une action importante.


Le passage à une économie de services
Une des caractéristiques qui se manifeste dans la plupart des pays industrialisé de cette époque est le passage à une économie de services et le Québec ne fait pas exception à cette règle en voyant sa part du tertiaire prendre une place très importante dans la société. En effet, « les activités qui composent le tertiaire comptent pour 57% du produit intérieur brut (PIB) du Québec en 1961 ; elles atteignent 66% en 1981 et près de 71% en 1983 » (Linteau-Durocher-Robert-Ricard, 1989, p.501) et regroupent de nombreux types d`activités et d’emplois, ce qui rend sa description très complexe. La plupart des emplois de ce secteur demandent peu de qualifications et sont rémunérés à faibles taux, mais il s’y trouve aussi des emplois très intéressants comme médecins et avocats.

La plupart de ses nouveaux emplois sont occupés par les Québécois de langue française, qui voient aussi leur poids être augmenté par ses nouvelles mesures gouvernementales qui les favorisent. Par exemple, le peuple québécois fait une réel percée dans le secteur financier et plusieurs facteurs y contribuent : « la hausse marquée du revenu des Québécois de langue française, le relèvement du niveau de scolarisation, la montée d`une nouvelle génération de gestionnaires, l`impact du nationalisme et l`important appui du gouvernement québécois et ses organismes, en particulier la Caisse de dépôt » (Linteau-Durocher-Robert-Ricard, 1989, p.510).


Les travailleurs
La classe ouvrière voit aussi ses conditions être considérablement augmentées durant cette période et cela est notamment dû à la pleine reconnaissance des syndicats. Ces derniers réclamaient des mesures concrètes et plusieurs de ses mesures ont finalement été accordées au peuple québécois : « l’institution de l`assurance-hospitalisation, la réforme du système d’éducation et l’intervention active de l’État dans l`économie » (Rouillard, 2004, p.139). De plus, Rouillard affirme que l’État accepte dorénavant un rôle primordial dans les domaines économiques et sociales pour soutenir le modèle keynésien qui favorise la réduction des inégalités sociales, tout en ayant une fonction libéralisme pour l’économie. Il faut comprendre que les syndicats sont satisfaits de cette « revalorisation du processus démocratique » (Rouillard, 2004, p. 142) et le gouvernement leur donne certains pouvoirs en les nommant dans quelques organismes consultatifs du gouvernement et les syndicats en profitent pour les influencer à syndiquer ses fonctionnaires. Toutes ses mesures démontrent que « la libéralisation des lois du travail inaugure une nouvelle ère dans les relations de travail au Québec, permettant l’expansion de la syndicalisation et une amélioration sensible de la condition des travailleurs salariés (Rouillard, 2004, p.145).


La consommation
Une des conséquences de l’augmentation du niveau de vie des Québécois qui vient avec une hausse des salaires est le passage à une société de consommation. La population est portée à consommer d’avantage et cela est dû « à la transformation du marché, où les produits de plus en plus nombreux sont moussés par la publicité et vendus à crédit » (Linteau-Durocher-Robert-Ricard, 1989, p.623). Bien évidemment ce ne sont pas tous qui profitent de cette prospérité générale, mais la population en générale en profite et cela se reflète aussi dans ce qui se nomme la culture de consommation. Le rejet du modèle traditionnel et l’implantation des médias comme la télévision et la radio a pour effet d’inonder la population de publicités et de favoriser la consommation.


L`Église perd son rôle
La décléricalisation de l’État était nécessaire à la société québécoise si elle souhaitait véritablement faire son entré dans la modernité. Le gouvernement de Jean Lesage a adopté des mesures concrètes pour faire perdre à l’Église catholique ses pouvoirs, son prestige et son influence. C’est ainsi qu’à partir des années 1960, l’État prend plein contrôle de l’éducation et du système de santé, ce qui fait perdre à la religion ses deux moyens d’interventions directes avec la population et ne lui confère que l’activité pastorale comme champ d’intervention. L’Église perd donc son titre de guide au dépend de l’État qui intervient positivement dans des domaines où la population était laissée à elle-même, à l’Église ou à la charité auparavant.


L’État-Providence
Le rôle que le gouvernement a donné à l’État se voulait un véritable changement comparativement aux mesures prises durant les mandats de Maurice Duplessis. La décision que le gouvernement Lesage a prise en augmentant les impôts des particuliers notamment et en redistribuant les richesses avec des mesures sociales ont contribué fortement à équilibrer le niveau de vie général du peuple : « ses trois modes d`intervention – réglementation, redistribution, assurance – touchent tous les secteurs de la vie sociale et tous les individus » (Linteau-Durocher-Robert-Ricard, 1989, p.637). Le fédéral intervient depuis quelques années avec des mesures sociales comme l’assurance-chômage, les allocations familiales, et les pensions de vieillesse et le gouvernement québécois décident d’instaurer lui aussi des mesures en réformant les programmes fédérales et en les adaptant à la réalité québécoise. De plus, la réforme du système de santé est probablement la plus importante des mesures sociales et devient rapidement une politique dont peuvent être fiers les québécois. Le programme public d’assurance-hospitalisation rend les services accessibles gratuitement à l`ensemble de la population et cela oblige le gouvernement à se porter propriétaire des hôpitaux, qui sont pour la plupart des institutions privés lors de cette période. Néanmoins, toutes ses mesures représentent la partie la plus visible des changements sociaux apportés durant cette période.


En conclusion, la Révolution tranquille est une période de l’histoire politique québécoise où il y eut une véritable réorientation du rôle de l’État québécois quant à son intervention économique et à l’adoption des principes du modèle keynésien pour former un État-providence. Malgré des réformes qui ont bouleversées considérablement la vie de tous les québécois et québécoises, je prétend que l’expression « Révolution tranquille » me paraît exagérée pour désigner la période couvrant les années 1960 à 1970. Lorsque nous examinons la définition du mot révolution, nous pouvons y dénoter des termes qui définissent ce mot et qui ne correspondent en rien à la période où le Québec a vécu de multiples réformes : « ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante (nationale, en général), lorsqu’une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir politique et que des changements profonds (politiques, économiques et sociaux) se produisent dans la société » (Le Grand Robert de la langue française).

Évidemment ce qui s’est passé au Québec peut répondre à cette définition sous plusieurs aspects avec le fait que plusieurs changements politiques, économiques et sociaux se sont produit dans une courte période de temps, mais toutes ses réformes ont été entreprises dans une période de paix et les acteurs principaux de ses réformes croyaient fermement au système et ne voulait aucunement un renversement de l’ordre par une insurrection. L’équipe du "tonnerre" de Lesage a travaillé dans le système monarchique parlementaire et souhaitait préservé la démocratie représentative.


Mikael St-Louis


Bibliographie
Le Grand Robert de la langue française. Site Web : http://gr.bvdep.com/version-1/gr.asp
LINTEAU, Paul-André, DUROCHER, René, ROBERT, Jean-Claude, RICARD, François. Histoire du Québec contemporain, Tome II : Le Québec depuis 1930, Québec, Boréal, 1989, 834 p.
ROUILLARD, Jacques. Le syndicalisme québécois deux siècles d`histoire, Montréal, Boréal, 2004, 335p.

Kony 2012

L’histoire du continent africain est très riche en évènements politiques et il faut comprendre que la démocratie est très jeune dans cette partie du monde et encore très fragile dans plusieurs pays africains. En effet, la démocratie est présente dans moins de 50% des pays qui composent cet important continent et le souvenir de nombreuses dictatures politiques et militaires et l’instabilité politique qui en découle demeure un fait d’actualité pour plusieurs peuples.

L’Afrique est un continent qui détient des richesses naturelles considérables et l’oligarchie, souvent en collaboration avec les dirigeants au pouvoir, a longtemps contrôlé les richesses disponibles en les exploitants à rabais et elle demeure encore bien présente dans le rapport de force et de pouvoir décisionnel dans plusieurs pays.

L’Ouganda est un des pays d’Afrique qui fonctionne avec la démocratie en utilisant un système républicain, mais cette démocratie ne signifie pas nécessairement un climat de paix. Le pays est effectivement en guerre civile depuis la fin des années 1980 et le conflit oppose le gouvernement en place à l’Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony.

C’est dans ce contexte que j’analyserais la campagne internationale Kony 2012 organisée par le groupe Invisible Children qui a comme principal objectif de médiatiser mondialement les actes de Joseph Kony dans le but de faciliter son arrestation. Il y aura donc une description de la situation à l’Ouganda, une présentation de Joseph Kony et de son armée, une présentation du projet Kony 2012 et de leur réalisation, une description concernant la controverse à propos de Kony 2012 et cela se terminera avec une analyse critique et historique sur les acteurs et la situation présente dans ce pays africain.


L’Ouganda
 L’Ouganda est un pays qui est situé sur le continent africain, plus précisément en Afrique de l’Est. Cette République, qui a obtenu son indépendance de l’Angleterre en 1962, peut compter sur près de 32 millions d’habitants et la langue officielle est l’anglais. 

L’Ouganda, avec son système républicain, est un pays démocratique. Cependant, ce pays a connu de nombreux bouleversements de leur système politique depuis l’obtention de leur indépendance. En effet, la première constitution de ce pays en 1962 indique que le système utilisé est celui du fédéralisme et uni les quatre anciens royaumes.

Le roi Kabaka Mutesa II est nommé président à vie et le titre de premier ministre revient à un centralisateur dénommé Obote. En 1966, le premier ministre Obote envoie l’armée ougandaise renversé le roi dans le but d’imposer la centralisation du pays. Obote promulgue quelques mois plus tard une nouvelle constitution pour le pays qui a comme caractéristique principale d’être un régime présidentiel à parti unique (1). En 1971, un coup d’État est réussi par Amin Dada. Ce dernier prend le pouvoir par la force et il est soutenu par les puissances occidentales. Il est renversé huit ans plus tard pour un mouvement de résistance qui a compté sur l’appui militaire de la Tanzanie.

Depuis 1986, c’est Yoweri Musevini qui est le président de l’Ouganda. En 2005, il a fait adopter par référendum une nouvelle constitution qui autorisait le multipartisme. Il est à noter que de 1986 à 2006, l’Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony a combattu ce président et a tenté de le renverser. La situation politique de ce pays est donc encore très « explosive ».


Joseph Kony et l’Armée de résistance du Seigneur
Joseph Kony, né en 1961, est le chef de l’Armée de résistance du Seigneur et son objectif est de renverser le président ougandais et d’imposer à cette société une théocratie basée sur la Bible et les dix commandements. La guerre civile à l’Ouganda a débuté en 1986 et Joseph Kony combat le régime en place depuis 1988 et il est sous un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale en 2005 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre (2).

Il est notamment accusé d’enlever, d’utiliser et de droguer des milliers d’enfants ougandais (plus de 25 000) comme enfants soldats ou esclaves pour composer les effectifs de l’Armée de résistance du Seigneur (3).
De plus, il serait responsable de nombreux massacres de civils ainsi que de nombreux pillages. Cela a eu comme effet pour cette rébellion de se faire placer sur la liste des groupes terroristes par les États-Unis en octobre 2001, un mois après les attentats terroristes du World Trade Center.
Il est à noter que depuis 2006, l’Armée de résistance du Seigneur est inactive à l’Ouganda et serait positionné hors des frontières du pays et le chef Joseph Kony n’a plus fait d’apparition publique depuis des années et il n’y a pas de confirmation officielle comme quoi il est toujours en vie ou s’il est mort.


Kony 2012 et Invisible Children
Le groupe Invisible Children est une organisation non gouvernementale (ONG) à but non lucratif qui existe depuis 2004. Son objectif principal est de faire arrêter Joseph Kony, qui est le chef de l’Armée de résistance du Seigneur à l’Ouganda, et de le faire juger pour les crimes de guerres et les crimes contre l’humanité qu’il aurait commis. Pour faire connaître leur cause, ce groupe a réalisé un documentaire d’une trentaine de minutes qui a comme titre Kony 2012 (4).

Ce documentaire a comme but de faire connaître mondialement les crimes commis par Joseph Kony et d’éveiller le plus de consciences dans le but de faciliter son arrestation. La vidéo présente brièvement le conflit ougandais et est ponctué de témoignages d’enfants qui ont été enlevé et qui ont servi d’enfants soldats à Joseph Kony contre leur gré.

Le réalisateur de Kony 2012 se nomme Jason Russel et il utilise « les techniques du story-telling, cette méthode de communication qui vise à raconter une histoire sur le modèle du conte. Le militant Jason Russel, réalisateur du film, explique à son fils Gavin son combat contre « le bad guy » (le méchant) Joseph Kony. Il raconte sa rencontre avec Jacob, un enfant ougandais dont le frère a été tué par les hommes de Joseph Kony. Et à qui il fait la promesse de mettre tout en œuvre pour les faire arrêter » (5).

La campagne de Kony 2012 a été un véritable succès pour ce qui est de la diffusion. En effet, Invisible Children a misé sur les réseaux et médias sociaux pour diffuser le plus largement la vidéo de trente minutes et le nombre actuel de visionnements sur youtube dépasse les 93 000 000 visionnements (4).

La vidéo présente le réalisateur Jason Russel en compagnie d’un jeune ougandais, Jacob, et ce dernier raconte son expérience obligée dans l’armée de Résistance du Seigneur lorsqu’il a été kidnappé en compagnie de son frère, qui lui a été assassiné, car il aurait tenté de se sauver. Jason Russel présente aussi son vidéo à son fils en lui expliquant que le « méchant » est Joseph Kony et qu’il exploite de nombreux petits enfants comme lui et qu’il est primordial de rendre le monde meilleur. On voit alors dans la vidéo le réalisateur Russel faire la promesse à Jacob qu’il va tout faire pour arrêter ses enlèvements et que cela ne se reproduise plus jamais.

La suite du court métrage montre les tentatives du groupe Invisible Children pour médiatiser cette histoire. Les réticences au niveau politique sont très fortes au début, car les élus font comprendre à Jason Russel que les États-Unis ne peuvent pas s’impliquer dans un conflit où ils n’ont aucuns intérêts économiques et où la sécurité nationale pourrait être mise en jeu.

Invisible Children change sa stratégie et décide d’utiliser les médias et réseaux sociaux pour médiatiser leur métrage. Après plusieurs conférences aux États-Unis et où le groupe commence à être connu et où des fonds ont été amassés, la communauté montre qu’elle a aidé à construire des écoles au Ouganda et à installer un système de communication radiophonique entre les principaux villages au Ouganda pour qu’ils puissent communiquer entre eux et se prévenir de possible attaque de l’Armée de résistance de Joseph Kony.
Toutes ses actions finissent pour faire connaître mondialement la campagne médiatique de Russel et les élus américains se sentent désormais impliqués dans cette histoire et en 2009, le congrès des États-Unis vote la Lord’s Resistance Army Disarmament and Northern Uganda Recovery Act of 2009 qui a comme principal objectif de désarmer les rebelles ougandais (6).

Pour ce faire, le président américain Barack Obama proclame en octobre 2011 l’envoi de plus de cent experts militaires pour épauler les formes armées ougandaises dans le but de procéder à l’arrestation du criminel de guerre Joseph Kony et de déloger l’Armée de résistance du Seigneur (7).

Invisible Children a récemment tenu une autre campagne visant à faire connaître leur groupe et leur revendication. En effet, il y a eu une activité qui s’est déroulée dans la nuit du 20 avril et elle consistait à apposer des affiches avec le visage de Kony partout dans les grandes villes du monde.


Controverse
Malgré le succès mondial de cette vidéo, la campagne pour faire connaître et arrêter Joseph Kony reçoit cependant une part importante de critiques provenant de divers milieux.

Tout d’abord, la critique la plus virulente à l’endroit du vidéo de Russel est que Kony 2012 exagère et simplifie les évènements de la région, à telle point que cela pourrait être éthiquement discutable selon Sandrine Perrot : « cette vidéo a beaucoup de faiblesse : des chiffres non vérifiables et non vérifiés, beaucoup d’approximations factuelles, une sur-simplification du conflit et de ses enjeux.

L’utilisation du propre fils du réalisateur dans la vidéo est également éthiquement très discutable. Le positionnement de Jason Russel est finalement très ambigu : il est à la fois très naïf vis-à-vis du conflit et de ses modes de résolution. En même temps sa démarche est empreinte de beaucoup de sentiments positifs ». (5)

Aussi, le fait que la campagne présente une solution occidentale à un problème ougandais pose problème. Selon le réputé magasine Foreign Affairs, l’ONG Invisible Children « manipulaient les faits à des fins stratégiques, exagérant l’ampleur des exactions commises par la LRA ainsi que son utilisation des enfants soldats et s’évertuant à dépeindre Kony, dont on ne peut nier la brutalité, comme l’incarnation du mal » (9). De telles critiques provenant de divers milieux peuvent certainement soulever des questions.

De plus, Jason Russel demande à son gouvernement, celui des États-Unis, de faire arrêter Joseph Kony en prenant les moyens de forces nécessaires, dont celui de supporter militairement, financièrement et techniquement l’armée ougandaise. L’Armée de ce pays est effectivement reconnue pour avoir réprimé violemment, sous l’ordre du président ougandais, une partie de la population civile lors des troubles religieux et ethniques de certaines régions du pays (10). Donc, il y a des critiques sur le fait que le court documentaire fait appel à l’émotion pour régler un problème humanitaire en récoltant des dons, et cette argent sert de facto à procurer des armes et munitions à une armée qui est sous le contrôle d’un ancien dictateur.

Le moment où survient cette campagne humanitaire peut aussi laisser planer quelques doutes sur les intentions et objectifs réels qui sont recherchés. Effectivement, l’Armée de résistance du Seigneur existe depuis 1988 et le chef Joseph Kony est déjà sous mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale depuis 2005 (2), ce qui signifie que Kony 2012 fait une demande au gouvernement des États-Unis qui a déjà été répondu positivement par la CPI depuis plus de sept ans.

De plus, l’Armée de résistance du Seigneur est installée en République démocratique du Congo depuis 2006 et leur opération militaire en Ouganda serait inexistante depuis plus de cinq ans. Cela soulève donc de nombreuses questions sur les réelles intentions de Invisible Children en Ouganda si Joseph Kony et son armée ne se trouve même plus sur ce territoire.

Autre point intéressant concernant les critiques, le président des États-Unis et le congrès américain ont finalement décidé de porter assistance à l’armée ougandaise en 2010 en leur fournissant une centaine de conseillers militaires, quelques mois seulement après qu’un important gisement de pétrole a été découvert en 2009 en Ouganda (11). Cela pousse certaines personnes à accuser Invisible Children d’être un puissant lobby.

L’aspect financier de cette campagne soulève des interrogations. En effet, l’organisme Charity Navigator, qui a comme mandat d’évaluer la fiabilité financière des ONG a vivement critiqué Invisible Children, en spécifiant que « seuls 37% des dons reçus l’an dernier ont été investis sur le terrain pour des programmes sociaux » (5) et que la grande majorité des fonds amassés ont été versés en salaires et pour la réalisation du documentaire Kony 2012. Finalement, la crédibilité du producteur Jason Russel a été entachée lorsqu’il a été arrêté et hospitalisé par les policiers en mars 2012 alors qu’il déambulait nu à San Diego.


Analyse
Il apparaît très clairement que la stratégie de communication de la campagne Kony 2012 a été un succès. L’ONG a misé sur la réalisation d’un court métrage de qualité et à utiliser à profusion les réseaux et médias sociaux pour faire connaître leur cause. Comme il est mentionné dans leur vidéo, Invisible Children souhaite faire connaître mondialement Joseph Kony dans le but de faciliter son arrestation. Nous pouvons affirmer que Joseph Kony est effectivement mieux connu en Occident depuis le lancement de la campagne web, mais de là à dire que cela peut faciliter son arrestation, il y a une marge à ne pas franchir.

À la suite de ce travail, je constate que la vidéo Kony 2012 a pour but de convaincre les populations qui le visionnent et de les pousser à mettre de la pression sur le pouvoir politique à les convaincre qu’ils doivent réagir et tout tenter pour procéder à l’arrestation de Kony.

L’obtention de la faveur de l’opinion publique est certainement un poids dans la balance dont s’est servi Invisible Children pour convaincre les élus américains d’intervenir à l’étranger pour une « cause humanitaire ».

Invisible Children l’affirme souvent dans le court métrage : l’ONG veut rendre le monde meilleur et il croit que l’arrestation du criminel de guerre aidera à leur cause. Un objectif très noble en soi, mais les moyens privilégiés qui sont de soutenir financièrement, militairement et techniquement une armée militaire qui est soupçonnée d’avoir commis des crimes de guerre est une solution occidentale à un problème africain et cela est définitivement de l’ingérence politique des États-Unis envers un pays africains qui est au prise avec une guerre civile depuis de nombreuses années.

Comme il a été montré dans cette analyse, la vidéo présente aussi des faits qui ne sont pas vérifiables et démontrables et fait souvent appel à l’émotion. De plus, des questionnements sur la gestion des finances et des dons reçus du public ont été soulevés sur le fait que moins de 40% de l’argent amassé se rend en Ouganda. Cela me pousse à affirmer que Kony 2012 ne pourrait pas être utilisé dans une perspective pédagogique, surtout au niveau universitaire, principalement pour les faiblesses académiques démontrées plus haut. Cependant, il faut donner le crédit à cette ONG d’avoir su utilisé les réseaux sociaux de façon à maximiser leur visibilité en plus d’avoir opté pour une nouvelle stratégie de communication qui a été un véritable succès.



Conclusion
En conclusion, la campagne médiatique Kony 2012 organisé par l’ONG Invisible Children a obtenu d’excellents résultats. En effet, l’objectif principal de ce documentaire était de médiatiser mondialement les actes de Joseph Kony dans le but de faciliter son arrestation avant la fin de l’année 2012.
Le rebelle Joseph Kony n’a pas encore été arrêté par l’armée ougandaise qui est soutenue par les États-Unis, mais Invisible Children a néanmoins accompli plusieurs de leurs objectifs. Ils ont effectivement réussi à faire connaître mondialement Joseph Kony, comme le prouve les 100 000 000 de visionnements sur youtube et ce dans plusieurs langues, en plus de convaincre Obama et les élus américains de soutenir financièrement, technologiquement et militairement l’armée ougandaise dans le but de procéder à l’arrestation de Joseph Kony.
Évidemment que les controverses mentionnées dans ce texte peuvent soulever plusieurs questionnements sur les véritables objectifs de cette ONG, et pour cause. Le projet de vouloir sauver des enfants soldats et de mettre fin à une longue guerre civile est certainement noble en soi, mais combattre la violence par la violence ne signifie pas pour autant que le problème sera réglé si jamais l’arrestation de Kony survient dans les prochains mois.
La campagne Kony 2012 aura cependant démontré la forte mobilisation que les réseaux sociaux peuvent entrainer dans ce genre de projet.

Mikael St-Louis


Bibliographie
(1) Prunier, Gérald et Calas, Bernard (dir.), L’Ouganda contemporain, Karthala, Paris, 1994, 303 p (2) Interpol, INTERPOL publie ses premières notices rouges pour le compte de la Cour pénale internationale, 2006, consulté le 25 octobre 2012, Site web :http://www.interpol.int/fr/Centre-d... (3) France Diplomatie, Une situation critique pour les enfants ougandais pris dans les conflits armés, consulté le 26 octobre 2012, Site web : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pa... (4) Invisible Children, Kony 2012, 2012, consulté le 10 octobre 2012, Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=Y4Mn... (5) Dhellemes, Gaspard, « Kony 2012 », la campagne qui bouscule la communication humanitaire, 2012, consulté le 26 octobre 2012, Site web : http://www.la-croix.com/Actualite/S... (6) Open Congres, Lord’s Resistance Army Disarmament and Northern Uganda Recovery Act of 2009, consulté le 27 octobre 2012, Site web : http://www.opencongress.org/bill/11... (7) Lesnes, Corine., Obama envoie des soldats en Ouganda pour traquer l’Armée de résistance du seigneur, 2011, consulté le 19 octobre 2012, Site web :http://www.lemonde.fr/ameriques/art... (8) Drabble, Emily., How to teach... Kony 2012, 2012, consulté le 28 octobre 2012, Site web : http://www.guardian.co.uk/education... (9) Guguen, Guillaume,. Déferlement de critiques contre la campagne Kony 2012, 2012, consulté le 26 octobre 2012, Site web :http://www.france24.com/fr/20120308... (10) Allen, Tim,. Obama Takes on the LRA , 2011, consulté le 1 novembre, 2012, Foreign Affairs Site web : http://www.foreignaffairs.com/artic... (11) Ballong, Stéphane,. Le pétrole du lac Albert sème la discorde entre la RDC et l’Ouganda, 2009, consulté le 1 novembre 2012, Site web : http://www.afrik.com/article16941.html