Une courte analyse du PQ, de QS et d`ON
L`histoire du territoire où se situe aujourd’hui la province de Québec est riche en évènements qui ont marqué, non seulement l`histoire du Canada et de l`Amérique du Nord, mais aussi celle du reste du monde. Il y a évidemment eu les Amérindiens qui ont occupé exclusivement le territoire durant plusieurs siècles en harmonie avec le milieu naturel, et qui depuis l`arrivée de l`homme blanc en 1534 sont repoussés dans des réserves minuscules où ils se font assimiler par les valeurs qui sont véhiculées par l`Occident.
Depuis la Confédération de 1867 qui a créé le Canada, les deux « peuples fondateurs » (Canadiens anglais et Canadiens français) ont des visions différentes de la manière que le politique doit être gérée, ce qui a historiquement créé des conflits et des rivalités.
Le nationalisme québécois a d`abord été défendu par le Premier ministre Maurice Duplessis qui insistait ardemment pour que le gouvernement fédéral n`intervienne pas dans les champs de compétences de la province et en créant le drapeau québécois et en percevant ses propres impôts.
Durant la Révolution tranquille, le nationalisme québécois a pris une autre tournure lorsque la classe politique a voulu rendre les Québécois « maîtres chez eux » en les propulsant dans des postes clés et en reprenant en main leur économie qui était dans les mains des Anglais du ROC (Rest of Canada). Cette prise de conscience du peuple québécois dans les années 1960 aura donné un énorme sentiment de réussite et l`idée commençait à circuler que le peuple québécois serait capable de se gouverner par lui-même en décidant ses propres lois et en percevant ses propres impôts ; et le moyen de réaliser l`autodétermination du Québec serait de se séparer du Canada et de créer son propre pays souverain.
La création du PQ dans les années 1970 aura été l`élément déclencheur de ce mouvement de contestation qui réclame que la majorité, sinon la totalité, des pouvoirs politiques soient remis au Québec. 40 ans plus tard le débat est toujours aussi intense quant à savoir si le Québec devrait réclamer son indépendance et plusieurs partis politiques provinciaux proposent différents moyens pour y parvenir.
Même si la majorité des médias clament haut et fort que la question nationale n`intéresse plus la population, cet enjeu est historiquement le plus important, bien plus que le remboursement de la dette ou de la gestion de la crise économique car tous ses enjeux sont reliés à l`indépendance du Québec. Le Parti Québécois, Québec Solidaire et Option nationale ont tous leur proposition pour accéder à l`indépendance, analysons-les !
Parti Québécois (PQ)
Depuis sa création par René Lévesque dans les années 1970, le Parti Québécois a opté pour un mode d`accession à l`indépendance par voie référendaire, ce que le parti a tenté par deux fois durant son histoire (défaite en 1980 et 1995). Depuis le départ d`André Boisclair et l`arrivée de Pauline Marois comme chef du PQ, la stratégie a quelque peu changé : le PQ opte désormais pour la gouvernance souverainiste, ce qui implique de demander au gouvernement fédéral le rapatriement des pouvoirs pour le Québec avec comme objectif de reprendre les pouvoirs dus ou bien espérer le refus du fédéral pour que la population demande un autre référendum. Pour arriver à leur objectif, le PQ a opté pour une stratégie en 4 points :
1. Combattre les intrusions du gouvernement fédéral
2. Assumer pleinement tous les pouvoirs que nous avons déjà
3. Occuper et à redéfinir l`espace législatif partagé avec Ottawa
4. Acquérir de nouveaux pouvoirs
Le Parti Québécois de Pauline Marois avec sa stratégie de gouvernance souverainiste affirme que la province ne peut plus tolérer les intrusions d`Ottawa dans les champs de compétences exclusifs, comme l`éducation, la santé et les politiques familiales. Pour ce faire, le PQ exigera le retrait d`Ottawa dans ses programmes avec compensation financière équivalente et le gouvernement provincial pourra ainsi décider où il investit ses capitaux. De plus, les péquistes proposent l`élaboration d`une Constitution québécoise ainsi qu`une citoyenneté québécoise pour les habitants de la Belle province. Ces gestes importants auraient comme conséquence d`affirmer pleinement les valeurs québécoises, dont la langue française avec le renforcement de la loi 101. Aussi, le parti souverainiste prône un partage des pouvoirs comme en immigration pour mieux intégrer les nouveaux arrivants.
Québec Solidaire (QS)
Le parti de gauche Québec Solidaire, qui est représenté par le député de Mercier Amir Khadir à l`Assemblée nationale, propose un mode d`accession à l`indépendance en optant pour une assemblée constituante qui aura comme finalité une consultation populaire dont les conclusions seraient soumisses par référendum et ou Québec Solidaire y défendrait l`option de la souveraineté en travaillant auprès de la population pour viser à construire un soutient majoritaire à l`Indépendance.
La première démarche consistera à l`élection au suffrage universel d`une assemblée constituante où différentes composantes de la société québécoise seront représentées. Cette assemblée aura comme principale tâche « d`organiser un processus de démocratie participative pour consulter la population sur son avenir politique et constitutionnel de même que sur les valeurs et les institutions politiques qui y sont associés » (programme Québec Solidaire). Son mandat sera de « définir les valeurs essentielles, une charte des droits sociaux, écologiques et économiques et la structure des institutions politiques nécessaires à la représentation du peuple québécois. Québec Solidaire y défendra l`option de réaliser la souveraineté du Québec » (programme Québec Solidaire). Les conclusions de cette assemblée constituante seront soumisses par voie de référendum et le peuple choisira ou non s`il adhère à ce projet de pays. Le peuple autochtone sera aussi inclus dans le processus et ils auront la possibilité de s`autodéterminer et leur droits ancestraux seront aussi reconnus. Québec Solidaire va aussi promouvoir le droit du Québec à la souveraineté auprès des autres pays sur la scène internationale.
Option Nationale (ON)
Le nouveau parti indépendantiste créé il y a quelques mois est le résultat d`un mécontentement et de découragements de plusieurs indépendantistes face au Parti Québécois de Pauline Marois et de sa gouvernance souverainiste. L`ancien député péquiste Jean-Martin Aussant est le chef d`Option Nationale et propose de rapatrier immédiatement les pouvoirs qu`il nomme L-I-T (lois, impôts, traités) en faisant en sorte que ce soit le gouvernement québécois uniquement qui adopte l`ensemble des lois sur son territoire, qu`il signe lui-même les traités internationaux qui le lie avec les autres nations et en instaurant un rapport d`impôt unique. Aussant l`avoue clairement ; le gouvernement fédéral va s`opposer à cette stratégie et Option Nationale se verrait dont dans l’obligation de faire adopter une Constitution québécoise qui serait adoptée par le peuple québécois et qui contiendrait une déclaration de souveraineté du Québec.
Pour ce qui est de la Constitution, Option Nationale insiste sur le fait que la participation du peuple québécois sera essentielle, ainsi que celle des experts dans leurs domaines respectifs pour que le plus grand consensus existe autour de ce projet. Pour Option Nationale, « cette constitution contiendra notamment une déclaration de souveraineté du Québec, de même que la reconnaissance des valeurs fondamentales telles que l`égalité hommes-femme, la justice sociale, le bien-être des ainés, la protection de la langue française, la laïcité des institutions et le respect rigoureux des principes du développement durable.
Analyse
Idéologies
Les 3 options présentées offrent des alternatives différentes pour arriver au même objectif ; la création du pays nommé Québec et qui aurait comme territoire la province du Québec. Il faut cependant comprendre que ses trois partis ont sur d`autres enjeux des idéologies complètement différentes et cela fait en sorte qu`ils n`attirent pas le même électorat. Historiquement, le Parti Québécois a souvent penché vers l`idéologie de centre-gauche pour se diriger vers le centre-droite depuis que Lucien Bouchard a été chef de ce parti. Le PQ étant une véritable machine électorale et qui se dit être une coalition de souverainiste de toutes les idéologies, a quelque peu perdu ses racines historiques pour tenter de plaire aux plus grands nombres d`électeurs possibles avec comme objectif principal de prendre le pouvoir. Le PQ compte dans ses rangs des gens de toutes les idéologies : gauche, centre, droite.
Québec Solidaire quant à lui est un parti plus récent sur l`échiquier politique et résulte d`une fusion entre l`Union des Forces Progressistes (Amir Khadir) et Option Citoyenne (Françoise David). Ce parti ne se cache aucunement pour démontrer son idéologie qui est véritablement de gauche dans la majorité des enjeux comme la santé, l`éducation, l`environnement, la justice sociale et ne se plie pas devant les élites et les médias de ce pays dans le but d`attirer une plus grande part de l`électorat. Québec Solidaire propose des solutions pour une équité sociale comme la gratuité scolaire, la nationalisation de nos ressources naturelles et l`amélioration de la Loi 101. Ce parti de gauche englobe et attire le monde communautaire à s`impliquer dans leur cause sociale au moyen de leurs nombreuses organisations communautaires, solidaires, féministes et syndicales. Et même si les membres de Québec Solidaire ont appuyé la résolution de souveraineté dans leur programme, il faut aussi comprendre que ce parti est composé aussi de fédéralistes qui se définissent de gauche et qui se reconnaissance dans Québec Solidaire même s`ils ne sont pas en accord avec tous les points du programme.
N`oublions pas Option Nationale qui vient tout juste de sortir ses première propositions en vus de son premier congrès qui aura lieu dans les prochains mois. Après une lecture attentive de ce préprogramme, j`en viens à la conclusion que ce nouveau parti indépendantiste en est un de centre-gauche, mais qui penche plus vers la gauche que le centre. Même si Aussant est un économiste de formation et qu`il croit au système capitaliste, la plupart de ses propositions tendent vers la gauche comme Québec Solidaire le propose avec la gratuité scolaire, un moratoire complet sur l`extraction des gaz de shales et la nationalisation des ressources naturelles. Même s`il s`agit d`un jeune parti, Option Nationale attire présentement une grande part des jeunes en bas de 30 ans et qui sont des « souverainistes purs et durs ». Aussant s`en dit très fier et il compte aussi sur l`appui de la députée et épouse de Jacques Parizeau, madame Lisette Lapointe, ce qui sous-entend que l`ex chef très populaire doit apprécier la création de ce nouveau parti. Pierre Curzi risque aussi fort de se joindre à l`aventure de ce nouveau véhicule pour la promotion de l`Indépendance du Québec.
Les meneurs
Pauline Marois est la députée de Charlevoix et la cheffe du Parti Québécois depuis 2007. Elle a débuté sa carrière politique pour le PQ en 1981 et elle n`a jamais changé d`étiquette politique, malgré quelques démissions après des courses à la chefferies infructueuses. Elle est la chef de l`Opposition officielle à l`Assemblée Nationale et son adversaire politique de toujours est la cause fédéraliste soutenue par le Parti Libéral du Québec.
Son plan de gouvernance souverainiste est vivement contesté depuis l`été 2011 et a mené à la démission de 5 députés péquistes et l`exclusion de 3 députés péquistes du caucus du PQ. Le Parti Québécois est à son plus bas dans les intentions de vote avec moins de 20% des appuis de la population, du jamais vu pour cette formation politique. Une véritable crise de leadership a lieu au PQ et personne ne peut prédire l`avenir, mais selon toute vraisemblance Pauline Marois devra démissionner prochainement sinon il risque d`arriver la même chose au PQ qu`au Bloc Québécois lors des élections fédérales de mai dernier. Gilles Duceppe serait probablement appelé en sauveur, mais une course à la chefferie devrait avoir lieu pour que l`ancien chef du Bloc ait toute la légitimité nécessaire pour relancer le parti de René Lévesque.
Amir Khadir est l`exemple parfait d`une intégration parfaite dans la société québécoise. Il est effectivement né à Téhéran en Iran et à une formation en physique et il est aussi médecin. Élu en 2008 dans Mercier sous la bannière de Québec Solidaire, il est le co-chef de son parti avec sa collègue Françoise David. Même s`il est seul à l`Assemblée Nationale sous la bannière de Québec Solidaire ce qui lui donne le titre d`indépendant, Amir Khadir a pourtant une voix qui résonne dans la politique québécoise. Il est au cœur de plusieurs enjeux ou la contestation citoyenne bat son gré comme dans les enjeux comme l`exploitation des gaz de shales, l`entente entre Pierre-Karl Péladeau et Régis Labeaume pour la construction d`un aréna, le Plan Nord et plusieurs autres. Il est souvent seul à dénoncer les injustices du système, ce qui montre souvent les faiblesses du Parti Québécois. Il est évident que la prochaine élection sera importante pour QS, mais il ne faut pas s`attendre à de grands miracles. Le parti de gauche fera élire quelques députés sans plus, mais leur ascension lente sera certainement profitable pour la population et la justice sociale.
Jean-Martin Aussant a aussi été élu en 2008 dans le comté de Nicolet-Yamaska sous la bannière péquiste. Il était le porte-parole en matière d`économie jusqu`à temps qu`il démissionne en milieu d`année 2011 lorsqu`il a constaté que le Parti Québécois n`avait plus véritablement la cause souverainiste comme objectif principal et que le parti était rendu trop électoraliste. Il a décidé de fonder un nouveau parti indépendantiste qui se nomme Option Nationale. Il est difficile de savoir quel impact aura ce parti car il est pratiquement censuré par les médias, mais il parait évident que ce nouveau parti attirera les jeunes indépendantistes et les déçu du Parti Québécois.
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En conclusion, il est pertinent d`insister sur le fait que toutes ses options présentées dans cette analyse démontrent bien que l`option de la souveraineté est loin d`être morte et ce même si la majorité des médias-monopoles tentent de faire passer ce message en appuyant ouvertement la CAQ de Legault. Même si le « Oui » est présentement à 40% dans les intentions de vote, il ne faut pas oublier que les Québécois changent rapidement d`idées selon le contexte dans lequel ils sont. Il y a quelques années seulement avec l`arrivé de Boisclair comme chef du PQ, l`option du « Oui » avait dépassé le seuil des 50% alors l`arrivé de nouveaux acteurs politiques qui ont comme conviction l`indépendance du Québec ne peut que remettre le débat à l`ordre du jour politique et médiatique. Cependant il faut être conscient que la multiplication des partis qui sont pour la souveraineté divisera quelques peu le vote et qu`une sorte de coalition sera peut-être nécessaire pour s`assurer de bloquer le chemin aux fédéralistes du Parti Libéral et de la Coalition Avenir Québec.
Mon scénario parfait de coalition des forces souverainistes serait d`avoir une entente qui aurait comme principe d`avoir les idées indépendantistes du programme d`Option Nationale sous la bannière électorale du Parti Québécois avec Amir Khadir comme chef. De cette façon, le programme présenté par la Coalition en serait un vraiment indépendantiste, représenté par un parti avec une longue histoire et dirigé par un chef populaire et ethnique, les ingrédients seraient réunis !
Mikael St-Louis
30 novembre 2011
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